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Reda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprises (FCE)
« L'option libérale n'interdit pas la protection de l'économie nationale »
Publié dans El Watan le 05 - 03 - 2007

Le nouveau président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), M. Reda Hamiani, décortique, dans cet entretien, le document portant avant-projet de stratégie industrielle. Il estime que malgré une vision moderne et cohérente, la stratégie industrielle proposée risque de butter sur les inévitables insuffisances d'application sur le terrain si des correctifs ne sont pas apportés. L'option libérale est, par ailleurs, au sens de M. Hamiani, abordée avec une certaine naïveté et appelle donc un minimum de mesures de protection pour préserver l'économie nationale et les entreprises algériennes.
Quel regard portez-vous sur l'avant-projet portant stratégie industrielle proposé par le gouvernement ?
C'est un document très actuel qui dessine une stratégie cohérente mais il y a des points sur lesquels nous voudrions revenir et débattre. L'Algérie excelle dans la production de textes, de stratégies qui contiennent une vision à long terme. C'est une très bonne chose mais lorsqu'on fait le constat on s'aperçoit que la courroie de transmission, c'est-à-dire l'administration économique qui a pour mission la mise en œuvre des stratégies dessinées, n'existe pas ou fonctionne mal. Il y a des facteurs qui bloquent la concrétisation des politiques sur le terrain. Créer une société c'est difficile, trouver un terrain c'est compliqué, avoir un crédit à la banque c'est épouvantable. Si on devait quantifier tout cela, on dirait qu'une mesure qui est prise au niveau le plus élevé et qui se chiffrerait à 100% se retrouvera à 30 ou 40% en termes d'application effective. Il y a une perte d'efficacité évidente qui se traduit aux différents échelons de mises en oeuvre. C'est un problème important, et il faut que les autorités en prennent conscience. Dans le document, pourtant, il n'en ait pas fait mention du tout. Pour notre part nous voulons que cette question de mise en oeuvre qui nous interpelle soit sérieusement étudiée et traduite dans les faits rapidement et dans les meilleures conditions.
Que pensez-vous plus précisément du chapitre consacré à la mise à niveau des entreprises et de la manière dont cette politique est appliquée ?
Nous constatons que la mise à niveau n'a pas été engagée avec assez de conviction. Elle n'a pas concerné un nombre suffisant d'entreprises puisque à l'heure actuelle il y en a une centaine seulement qui bénéficient de ce programme. Elle est conduite de façon un peu désordonnée et par plusieurs acteurs : la communauté européenne, le ministère de la PME, le ministre de l'Industrie. Il serait bon de rassembler tous ces efforts pour traduire quelque chose de plus cohérent. Nous espérons que dans le cadre de la réflexion à l'occasion du débat sur la stratégie industrielle nous pourrons déterminer clairement le rôle des autorités dans le programme de mise à niveau. Il faut en fait redéfinir la démarche exacte à mettre en œuvre dans ce domaine, les techniques, les procédures du programme…
A travers la lecture du document il est aisé de déceler une volonté de redonner un rôle plus important à l'Etat. Qu'en pensez-vous ?
D'une manière générale tout ce qui est proposé en termes de stratégie industrielle va dans la bonne direction mais, il y a une certaine contradiction entre la logique de marché qu'on a essayé de mettre en avant ces vingt dernières années et la nouvelle approche qui est proposée. Précédemment on disait qu'on avait fait fausse route en adoptant une économie dirigée et que le meilleur choix revenait à adopter une économie de marché. Aujourd'hui à l'occasion du débat sur la nouvelle stratégie industrielle on constate que l'économie de marché est mise un peu de côté au profit d'un volontarisme politique qui affiche clairement les choix stratégiques. Nous, nous ne sommes pas fondamentalement contre mais nous voudrions que tous ces choix soient sanctionnés par le marché. Il ne faudrait pas qu'on aille droit vers une autre impasse, en mettant en place de grosses filières industrielles, mais qui ne déboucheront en définitive ni sur le marché national, ni sur le marché international. C'est bien qu'il y ait une volonté de changer les choses et d'aller de l'avant, mais nous voudrions que l'Etat accompagne, renforce, crée les conditions pour que les choses évoluent positivement. Il faut cependant bien comprendre que l'Etat ne doit pas remplacer ou se substituer aux véritables acteurs de l'économie et du marché. C'est peut-être une nuance, mais nous tenons à la faire.
Le rôle du secteur public semble avoir été fondamentalement repensé dans le cadre de la stratégie avancée. Que vous inspire ce changement ?
Nous, nous posons la question de savoir ce que l'Etat attend du secteur public. Il n'y a pas si longtemps, on avait entendu dire que c'était de " la quincaillerie ". Il y a vingt ans qu'on n'a pas investi dans ce secteur, il est inscrit aux programmes de privatisation, et tout à coup on lui trouve des vertus et on considère qu'il est encore porteur de possibilités. Ce qui est à relever pourtant c'est que dans notre pays qui a une tradition d'industrie lourde, les opérations qui sont conduites, le sont souvent sous l'angle de l'assainissement financier. Le problème c'est que nos entreprises sont mal gérées, qu'elles fabriquent mal et qu'elles ne sont pas en phase avec le marché. Que vous mettiez de l'argent ou pas, ça ne change rien à ces déterminants. Donc, s'il y a des réformes à faire, l'élément financier doit intervenir bien sûr, mais nous préférerons que ce soit fait à la fin. Il faudrait repenser le problème de ces entreprises lourdes de façon à les revitaliser de sorte à ce qu'elles aient un autre management et une relation forte avec leur marché. L'idéal serait qu'elles trouvent des partenaires étrangers de référence qui puissent les aider à aller dans cette direction.
Le rôle attribué au secteur privé vous agrée-t-il ?
Nous aurions voulu que la place accordée au secteur privé dans le cadre de la stratégie industrielle dessinée par le gouvernement soit plus importante. C'est un vecteur essentiel. Il faut redéfinir le rôle qu'on assigne à un secteur qui est à l'origine de presque 80% de la valeur ajoutée. Il est évident que la stratégie industrielle ne peut pas se passer du secteur privé. Cela est dit par certains côtés dans le document, mais pas suffisamment à notre sens. On aurait voulu qu'on mette un peu plus l'accent sur sa place, sur son rôle… Nous espérons que l'environnement économique, qui est le maillon le plus faible actuellement dans les politiques économiques, soit revu dans le sens de la simplification, en vue d'arriver à moins de procédures bureaucratiques. Nous sommes persuadés qu'à ce moment-là, c'est le secteur privé qui va chercher et attirer les IDE.
Vous soulevez à propos des investissements directs étrangers (IDE) le problème de l'ouverture excessive du marché et du manque de protection de notre économie, voulez-vous développer cette idée ?
Nous sommes bien sûr pour les IDE, mais nous sommes persuadés que cela se fera grâce à la recherche de partenariats entre professionnels et entrepreneurs. Je ne crois pas aux missions qui vont dans les pays, avec des fonctionnaires et un ministre, même s'il parle bien. Les privés convainquent mieux leurs homologues. Beaucoup mieux que dans le cadre de relations fonctionnaires-chefs d'entreprises étrangers. Nous sommes 180 pays sur la planète à rechercher les IDE. Tous les pays intéressés adoptent la même politique. Dans ce domaine on ne regarde pas que l'Algérie. La Mauritanie, l'Afrique du Sud par exemple, attendent, adoptent des politiques incitatives, et les investisseurs lorsqu'ils optent pour un pays, ils le font pour des raisons évidentes de coût et de rentabilité. On investit par exemple en Chine pour un coût salarial très faible. En Algérie, ce n'est pas le cas. Nous avons un coût salarial qui n'est pas très fort mais la productivité est catastrophique. Les investisseurs ne viennent pas en Algérie, ou si peu. Nous ne bénéficions ni de délocalisations ni d'IDE. Les entreprises étrangères investissent aussi dans un pays parce qu'il ne laisse pas entrer facilement les productions étrangères. Chez nous tout est ouvert, il n'y a aucun effort à faire pour y vendre ses marchandises. Prenons l'exemple d'un producteur français qui vend tant et plus à l'Algérie, pourquoi irait-il investir ? Il serait fou ! L'investissement est fastidieux, contraignant… Il faut donc revoir notre politique d'ouverture à outrance car il y a une contradiction à mener cette politique d'ouverture couplée à une demande ambitieuse d'investissements extérieurs. Dans le domaine automobile par exemple, j'ai eu des contacts avec des constructeurs installés en Algérie, et il se trouve qu'ils ne peuvent concevoir l'installation d'une chaîne de montage en Algérie pour deux raisons. La première c'est qu'il n'y a pas de sous-traitants. Or pour un constructeur automobile, 80% de l'assemblage est fait ailleurs. Chose que nous n'avons pas dans notre pays. Les constructeurs automobiles ne s'impliquent pas dans la production de véhicules en Algérie, parce que le marché n'est pas protégé. Si on assure un minimum de protection dans ce domaine et qu'on garantisse la vente de ce qui va être monté, les constructeurs investiront, dans le cas contraire, c'est le schéma actuel qui prédominera pour longtemps.
Vous avez fait valoir une comparaison avec d'autres pays pour ce qui est de l'investissment. Quelle est votre approche exactement ?
Une des idées que nous voulons développer par rapport aux IDE consiste à dire que tous les pays affichent l'option du libéralisme, mais si on s'avise à toucher de près à leurs intérêts on s'apercevra que le marché n'est pas si libre que cela. Aux Etats-Unis, un décret a été promulgué lorsque des entreprises à Dubaï ont voulu racheter les ports américains. Il y a eu une levée de boucliers générale puisque même le président Bush est intervenu et une loi contrôlant ce genre de transactions a été votée par le Sénat. En Tunisie, pour prendre un exemple plus près de nous, on affiche l'option du libéralisme et on favorise clairement le discours des IDE. Les textes prévoient un encouragement à toutes les activités tournées vers l'exportation, mais il se trouve que si une affaire prends plus de 50% de capital, on dit stop, on veut voir ! Il y a dans ce domaine une commission spéciale qui étudie les demandes et qui donne son avis. La liste des secteurs concernés par la mesure est longue d'un kilomètre. C'est en fait tous les secteurs ou presque qui sont soumis à autorisation, alors que chez nous ce genre de politique n'existe pas. Il y a une sorte de naïveté. On affiche le libéralisme comme tout le monde, mais alors que les autres pays trouvent des parades, des règles non tarifaires, des normes de protection, chez nous il n'y a rien. C'est l'ouverture totale. Au FCE nous aimerions que les autorités se penchent sur cette question. L'objectif n'est pas de revenir au système d'avant mais on ne peut pas tomber non plus dans le piège du libéralisme fou, prônant une circulation incontrôlée des capitaux. Ce que je veux dire c'est que le discours qu'on nous sert en Europe ou ailleurs est vite contredit sur le terrain car dès qu'on essaye de racheter une de leurs activités, il y a un système de protection qui est mis en branle.


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