Après avoir perdu tout espoir de guérir, les victimes ainsi que leurs proches ont décidé de poursuivre en justice les auteurs de ces erreurs. Ahmed nous a affirmé qu'il a décidé de poursuivre en justice le médecin qui a fait de son fils un aveugle. «Mon fils est devenu aveugle à cause de ce médecin. Je veux qu'il soit condamné», a-t-il affirmé. Pour sa part, Nacer Ourgui, victime d'une erreur médicale au niveau de l'œil gauche et porte-parole du comité SOS erreurs médicales, nous a fait savoir que le comité traite plusieurs dossiers. S'agissant de son cas, il a souligné que depuis 2007 à ce jour, aucune solution n'a été proposée à leur problème, et on l'a même oublié. «Nous avons saisi l'ex-ministre de la santé, et plusieurs articles ont été publiés dans la presse nationale et même étrangère, mais tout cela n'a eu aucun effet et le ministère de la santé n'a pas bougé. Il aurait dû, au moins, envoyer une commission d'enquête à l'hôpital de Beni Messous, et écouter les victimes. Ce que nous souhaitions, c'était uniquement qu'ils nous écoutent», a-t-il précisé. Selon notre interlocuteur, le ministère a uniquement pris en considération le rapport établi par le médecin, dans lequel il a expliqué qu'ils étaient déjà aveugles lorsqu'ils se sont présentés à l'hôpital, et c'est ce qu'a déclaré aussi l'ex-ministre de la santé. «En 2007, poursuit-il, nous avons fait un rassemblement devant le siège du ministère de la santé, ils ont accepté de nous recevoir et nous ont promis une prise en charge, mais rien n'a été fait à ce jour. Cette année, nous avons également organisé un rassemblement devant le siège du ministère et on a accepté de me recevoir en tant que porte-parole de toutes ces victimes. Ils m'ont fait savoir que le ministre allait adresser une lettre à un hôpital, pour lui demander de nous prendre en charge, et depuis rien n'est fait.» De son côté, la mère de la jeune Fatima a raconté qu'elle a dû se débrouiller toute seule pour lui faire subir les dernières analyses au centre-ville d'Oran. «Ce qui me désole le plus, c'est qu'on n'a même pas mis à ma disposition une ambulance qui m'aurait permis d'emmener ma fille chez le cardiologue. Si c'était l'enfant d'un haut responsable, je pense que cela ne se passerait pas ainsi.» Elle a également affirmé qu'une plainte a été déposée, et on lui a expliqué qu'une suite lui sera donnée, une fois l'amputation faite. Le dossier de l'infirmière est entre les mains de l'administration du CHU d'Oran.