Résumé de la 1re partie n L'homme retrouvé mort dans le wagon du train Bâle-Paris est vite identifié. Il s'agit de Louis Poinsot, un juriste renommé... Mais la police préfère ne pas s'aventurer sur ce terrain périlleux et s'oriente dès le début vers le crime crapuleux. Il faut dire qu'il y a de bonnes raisons à cela. Louis Poinsot avait été à Chaource pour toucher ses fermages et une somme importante lui avait été remise en liquide. Quelqu'un qui l'aurait suivi et qui serait monté dans le train aurait pu facilement attendre qu'il somnole pour le tuer. Et un voleur de train, il y en a justement un qui sévit sur cette ligne. La police connaît même son nom : Charles Jud... Les faits remontent à un peu moins de trois mois. Dans la nuit du 11 au 12 septembre 1860, un médecin-major russe, le docteur Vladimir Heppi, passager du train Bâle-Paris, a été retrouvé sur le ballast, avec deux balles dans la tête. Il avait été délesté d'une petite fortune qu'il portait sur lui : une quarantaine de pièces d'or russes et quelques monnaies françaises. Par miracle, il n'est pas mort et il a pu donner un signalement sommaire de son agresseur : une trentaine d'années, un physique de colosse et une barbe brune tirant sur le roux. Ce dernier a été recherché activement, mais il s'est fait prendre tout seul, en manifestant une rare imprudence, pour ne pas dire une totale inconscience... Deux semaines plus tard, le 27 novembre, dans la forêt de la Harth, en Alsace, où avait lieu une chasse privée, un homme s'est mêlé aux participants et a commencé à tirer sur le gibier. Il s'en est suivi une altercation avec les autres chasseurs. Les gendarmes sont inter-venus et ont arrêté l'individu, un homme de taille moyenne, au physique athlétique, avec une barbe brune tirant sur le roux. Il avait des papiers au nom de Grégoire Montaldi, né à Alger, et des pièces d'or russes semblables à celles volées dans le train. La chance a voulu qu'un des gendarmes reconnaisse un ancien bûcheron de la région, condamné pour coups et blessures : Charles Jud. Ce dernier a été soumis à un interrogatoire en règle. — Tu ne t'appelles pas Montaldi, mais Jud. Où tu as volé ces papiers ? — Tu as tué son propriétaire dans le train ? Tu as tiré sur lui, comme sur le docteur Heppi ? — Réponds ! Le docteur n'est pas mort, mais si tu as tué Montaldi, ce n'est plus la prison que tu risques, c'est la guillotine Finalement, l'homme se décide à parler. — C'est bon, je m'appelle Jud. Mais je ne suis pas un assassin. Les papiers, je les ai pris à un passager que j'ai rencontré sur le bateau d'Alger à Marseille. — Qu'est-ce que tu en as fait ? Tu l'as jeté par-dessus bord, comme le docteur russe ? — Non, je vous jure. Je lui ai simplement pris ses papiers. — Qu'est-ce que tu faisais à Alger ? — Je voulais voir du pays... Il n'a pas été possible d'en savoir plus. En attendant la suite de l'enquête, Charles Jud a été enfermé dans une cellule de la gendarmerie. Mais au milieu de la nuit, les gendarmes ont entendu un bruit sourd. Ils ont regardé par le judas et l'ont vu en train de se pendre. Deux d'entre eux se sont précipités. C'était une ruse : il les a assommés et a refermé la porte derrière eux. Un troisième gendarme, qui a voulu lui barrer le passage, a été assommé à son tour. Après quoi, il a disparu. Les recherches ont repris pour trouver l'auteur de l'agression du Bâle-Paris. Elles n'ont rien donné mais, faute de mettre la main sur lui, les policiers ont pu reconstituer sa biographie. Elle est édifiante... (à suivre...)