Résumé de la 3e partie n Un avis de recherche est lancé contre Charles Jud, 27 ans, cheveux bruns et le pouce aussi long que les autres doigts.. A Chaource, les domestiques du président font l'inventaire des objets qu'il avait emportés : une couverture de voyage blanc et noir en étoffe anglaise, un sac en cuir contenant des livres de jardinage et un couteau à manche en corne de cerf, une montre en or de chez l'horloger Soirain, 10, rue de la Paix, une chaîne en or, avec clé, garnie d'un rubis et portant l'initiale «P», un porte-monnaie en maroquin noir à fermoir d'acier et un portefeuille de cuir rouge. Rien de tout cela n'a été retrouvé. Les passagers du train sont également interrogés, ce qui permet d'établir que, contrairement à ce qu'on pouvait croire, l'attentat n'a pas eu lieu au départ de Troyes, l'assassin ayant profité du ralentissement dû aux travaux pour s'enfuir, mais peu avant Paris. Le témoignage d'un voyageur est formel : — Je venais juste de me réveiller et je faisais quelques pas dans le couloir. Un peu avant Nogent-sur-Marne, j'ai vu un homme sur un marchepied, prêt à sauter. J'ai pensé que c'était quelqu'un qui n'avait pas son billet et qui voulait s'en aller avant le terminus. Je lui ai crié de faire attention. L'homme a tourné la tête dans ma direction. Il a jeté un paquet et s'est laissé tomber... Le moment de l'agression ne change pas grand-chose. Mais à Troyes, un témoignage est susceptible de faire progresser les enquêteurs. Il démontre avec quel soin l'assassin a préparé son crime. Il s'agit du propriétaire de l'hôtel des Mulets, près de la gare. — Le président Poinsot a dîné chez moi le 6 décembre. Je le connais bien. Il le faisait chaque fois qu'il devait prendre le train pour Paris. Eh bien, un de mes clients est venu bavarder avec lui. C'était l'assassin, je l'ai reconnu à la description que j'ai lue dans le journal. Il s'était inscrit sous le nom de Montaldi. — Il était chez vous depuis longtemps ? — Depuis le 5 décembre. Il avait réservé jusqu'au 7, mais il n'est pas venu coucher le 6. Il n'est revenu que le 7 au soir et il est reparti le lendemain matin. Il m'a dit qu'il allait à Marseille. Les policiers de Troyes enregistrent cette information, qui peut s'avérer capitale. Après tout, Jud a déjà fait preuve d'inconscience en allant se battre avec les chasseurs. Il est capable d'avoir laissé derrière lui cet indice qui pourrait le perdre... L'hôtelier n'en a pas terminé. — Après son départ, un autre de mes clients est venu me dire qu'on lui avait volé son manteau et qu'on en avait laissé un autre à la place. J'ai reconnu celui du pseudo-Montaldi. Il était taché de sang frais. La police se précipite à Marseille, mais fait chou blanc. Jud n'a pas été imprudent deux fois de suite. Et c'est loin de là qu'on retrouve sa trace, cinq jours plus tard. La couverture de voyage blanc et noir en étoffe anglaise du président Poinsot est découverte à l'hôtel de la Poste, à Genève, dans une chambre occupée par un certain Dullin, dont le signalement correspond à celui de Charles Jud. Les policiers suisses prennent le relais et apprennent que l'homme a été dans une maison close de Genève. Il a passé un moment avec une fille de l'établissement, Gertrude Klein. Son témoignage confirme sans le moindre doute qu'il s'agit de l'assassin : — Il m'a payée avec une pièce d'or russe. Il avait un revolver. Comme je me suis inquiétée et que je lui ai demandé pourquoi, il m'a répondu : «Je voyage beaucoup...» (à suivre...)