Résumé de la 2e partie n Avant Poinsot, le Dr Heppi avait déjà été retrouvé sur le ballast. En vie, il avait donc pu donner le signalement de son agresseur : Charles Jud... Charles Jud naît dans le Haut-Rhin, le 7 février 1834, dans un milieu aisé et honorable, mais il se montre tout de suite la brebis galeuse de la famille. Dès l'école, il commet méfait sur méfait. Après une scolarité déplorable, il est engagé comme bûcheron, grâce à ses dispositions physiques. Cela ne l'empêche pas de continuer à se comporter comme avant, à se bagarrer et à voler. Il fête sa majorité en prison, où il purge une peine de six mois pour coups, blessures et vol. Dès sa sortie, il est envoyé au service militaire. Il l'accomplit à Alger, au train des équipages. Il est soupçonné de plusieurs vols par ses supérieurs, mais rien ne peut être prouvé et il bénéficie du doute. Peu avant son départ, pourtant, il est surpris la nuit dans la réserve d'habillement où il s'est introduit avec une fausse clé, il a un ballot d'étoffes sous le bras. Il est arrêté et enfermé dans une cellule de la caserne. Le lendemain matin, lorsqu'on veut le transférer à la prison de la division, on ne peut que constater son évasion. Il a creusé un trou dans le mur... On a beau le rechercher, il est introuvable. Il réussit, on ne sait comment, à prendre le bateau pour Marseille et c'est sans doute là qu'il vole les papiers de Grégoire Montaldi. Le 3 septembre 1859, le conseil de guerre d'Alger le condamne par contumace à la dégradation et à vingt ans de travaux forcés, pour vol et désertion, mais il est loin... On retrouve peu après sa trace à Paris, fin 1859. Voulant se procurer d'autres papiers, il passe, sous le nom de Montaldi, une petite annonce proposant une place d'ouvrier tailleur. Un postulant, qui a une certaine ressemblance physique avec lui, s'entend dire, après l'avoir rencontré : — Vous êtes engagé. Je garde vos papiers pour vous établir le certificat d'embauche. Mais il se méfie, refuse et prévient la police... Toujours à Paris, Jud rencontre des compatriotes alsaciens, auxquels il propose de s'associer pour dévaliser les trains. — C'est facile de tuer pendant que le train roule. On assomme les voyageurs avec une pierre enveloppée de chiffons. Les blessures faites comme ça ne saignent pas. On vide leurs poches et on les jette par la fenêtre. Il n'y a qu'à descendre à la première station ni vu ni connu ! Les Alsaciens préviennent eux aussi la police et c'est peu de temps après qu'a lieu la première agression du Bâle-Paris contre le médecin-major russe Vladimir Heppi. Tels sont les éléments dont dispose le commissaire du quartier Saint-Louis, chargé de l'enquête. L'autopsie, qui lui parvient peu après, ne fait que confirmer la sauvagerie du meurtrier. Une première balle a d'abord été tirée au cœur, mais elle a été arrêtée par un portefeuille ou un autre objet, qui a été retiré ensuite des poches. Après quoi, le criminel a visé la tête à deux reprises. Mais il ne s'en est pas tenu là, il s'est acharné sur sa victime, lui fracassant le crâne avec un objet contondant, vraisemblablement la crosse de son pistolet... La chasse à l'homme commence. Un avis de recherche est lancé sur tout le territoire, concernant Charles Jud, vingt-sept ans, un mètre soixante-huit, cheveux bruns, cicatrice au-dessus de l'œil gauche, plusieurs dents cassées, barbe brune rougeâtre. L'avis signale aussi qu'il a un curieux et inquiétant signe particulier, qui se retrouvera chez d'autres criminels célèbres, Troppmann et le boucher Avinain, entre autres : Jud a le pouce aussi long que les autres doigts... (à suivre...)