La blondeur est recherchée spécialement chez la femme. C'est si vrai que beaucoup de brunes se teignent les cheveux en blond : les teintures de cette couleur et les éclaircissants (ce mot est entré dans le vocabulaire aussi bien arabe que berbère) font fureur. La blonde est appelée samra, terme arabe aujourd'hui fortement concurrencé par le mot d'origine française blonda. Dans les années 1980, au temps de la prospérité pétrolière, le rêve de l'Algérien moyen était de posséder une villa, une voiture de marque Honda (alors importée pour la nomenklatura) et... une blonde ! Un rêve résumé dans la formule lapidaire «villa, Honda, blonda !» La rousseur est moins appréciée que la blondeur : ruji et rujia (du français rouget) sont souvent employés comme sobriquets, bien que chez la femme, le qualificatif soit parfois valorisant. Mais si dans la rousseur on peut apprécier la couleur chatoyante des cheveux et la blancheur du teint, on n'aime pas les taches de rousseur qui parsèment le visage. Le teint brun est tantôt bien vu (surtout chez le garçon), tantôt mal vu (surtout chez la femme) : kah?luch signifie «noir» et «noiraud» ; nigro (de négro) est insultant. En revanche, khomri (féminin khomria), qui signifie «brun», est valorisé : wled khomri, le garçon brun et t?afla khomriya, la fille brune, sont célébrés dans les chansons populaires. Les gens du Sud disent aussi lown bedwi, teint bédouin, qui est également un teint brun tirant sur le noir.