C'est à partir de l'an 2000 que les médias ont commencé à parler d'un fort taux de suicide en Kabylie. La presse nationale avait relayé une information donnée par un député du FFS lors d'une séance de l'APN selon laquelle la wilaya de Tizi Ouzou est classée première au niveau national en termes de taux de suicide. «Le problème est vite politisé et des députés du HMS qui voulaient singulariser la Kabylie et dire que les habitants de cette région ne sont pas des croyants car le suicide est haram dans la religion musulmane, se sont dépêchés de se servir de l'information», nous dit le Dr Boudarène, psychiatre. Celui-ci, comme d'autres spécialistes qui se sont intéressés à la question, se demandent si réellement le taux de suicide est plus élevé en Kabylie que dans d'autres régions du pays. Sur quelle base en est-on arrivé à cette conclusion ?, s'interrogent-ils. Il est important de souligner qu'aucune enquête sur le suicide, n'a été menée au niveau national. Selon le Dr Boudarène, il y a eu trois enquêtes seulement qui ont concerné les wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Oran. Une enquête au niveau des 48 wilayas permettrait d'abord de cerner l'ampleur du problème et ensuite de connaître la région la plus touchée. Toutefois, toute démarche dans ce sens risque d'être biaisée par l'indisponibilité de l'information réelle, car le suicide demeure un sujet tabou et honteux dans notre société. Si en Kabylie on commence à en parler, depuis quelques années nous fait savoir un médecin épidémiologiste, dans d'autres régions ce n'est peut-être pas le cas…