Résumé de la 4e partie n Emile, qui n'hésite plus à tuer – même ses compagnons –, est craint de tous… Ce nouveau meurtre renforce encore plus la peur qu'inspire Émile Buisson, tant dans l'opinion publique qu'au sein du milieu où, plus que jamais, il est Mimile le Dingue. Il n'est pas une journée sans que la presse parle de l'ennemi public numéro un, mais ce n'est pas cela qui lui tourne la tête. Ce n'est pas lui qui écrirait aux journaux pour occuper davantage le devant de la scène ; la recherche de la publicité, ce n'est pas son genre. Il fait son métier de gangster, un point c'est tout et, s'il est devenu la vedette, il ne l'a pas cherché. Il n'a rien contre la police. Il déclare à son entourage : — Je fais mon métier, elle fait le sien. Et il ajoute — Je sais bien que je prends des risques, mais c'est comme ça. Le couvreur peut tomber du toit et le voleur peut se faire descendre. Le plus étonnant est qu'Émile Buisson, que recherchent tous les policiers de l'hexagone, ne se cache absolument pas. Il a pris soin de ne jamais se faire photographier et la police n'a à sa disposition que des photos anthropométriques, qu'il juge, à tort ou à raison, peu ressemblantes. Non seulement il ne quitte pas Paris où il est le plus recherché, mais il mène la vie de tout le monde. Il habite une rue tranquille du VIle arrondissement, dans un appartement meublé. Sa concierge ne tarit pas d'éloges sur le plus généreux de ses locataires. Elle le prend pour un notaire et il ne la détrompe pas. Chaque matin, il achète Le Figaro et La Croix au kiosque d'en face, et les lit dans le café voisin en dégustant son café crème. Après quoi, il disparaît jusqu'au soir ou même reste absent plusieurs jours. Parfois, il entre dans son comportement une part de provocation, un désir de jouer avec le feu. Il va déjeuner à la Rôtisserie périgourdine, juste en face du 36, quai des Orfèvres. Il adore la boxe et assiste aux matchs au palais des Sports, dans les fauteuils de ring. Un jour, les journalistes photographient le chanteur André Dassary à côté de lui et le cliché paraît le lendemain sans que personne le remarque. Dans une auberge de Saint-Maur, il pousse l'audace jusqu'à jouer au billard avec les gendarmes. Plus fort encore, il n'hésite pas à sortir de sa cachette pour régler des comptes qui n'ont rien d'indispensable. Il apprend que le patron d'un bar de Montmartre fréquenté par la bonne société venue s'encanailler et où il allait lui-même autrefois a déclaré à la ronde : — La famille Buisson, c'est tous des enfoirés ! Peu après, à l'heure de l'apéritif de midi, le patron voit entrer un petit homme maigre vêtu d'un costume sombre. Ce dernier l'entraîne à une table et lui met son revolver sur le bas-ventre. Ses yeux noirs brillent d'un éclat impitoyable. — C'est vrai que tu as dit ça de moi ? — Mais non, Mimile, on t'a charrié. — Alors je ne suis pas un enfoiré ? — T'es un type formidable, Mimile ! Et il s'en va, laissant le patron plus mort que vif.. (à suivre...)