Emotion Voyant son fils, Massika ne put se maîtriser. Elle s?évanouit. Elle l?examine, le c?ur serré, les changements que des années de prison ont opérés sur son enfant, s?attendant à le trouver tel qu?il était parti au service national, alors qu?il sortait juste de l?adolescence. Le soir même quand ils sont enfin seuls, elle pose sa main sur son épaule et lui dit : ?Je vais te marier le plus vite possible Dahmane ! J?ai hâte d?avoir ma «aâroussa» à la maison ! Ecoute qu?en dis-tu ? Massika a déjà un ?il sur une fille du voisinage qu?elle a vu grandir ; souvent elle avait prononcé cette phrase en la voyant passer : «Si mon fils Dahmane était là, personne d?autre ne l?épouserait». Dès le lendemain du retour de son fils, elle en parle aux parents de la jeune fille qui acceptent -C?est trop tôt, maman, lui dit Dahmane je viens juste d?arriver, attends au moins que je travaille ! ?Tu as la terre c?est déjà beaucoup ! Qui sait combien de temps encore je vivrai ! Chaque jour compte. Et Massika, sans répit, mène au pas de charge les préparatifs. Accompagnée de Dahmane, elle retourne à Annaba et avec l?aide de sa belle-s?ur elle achète le «jhêz» de sa future bru, répétant de temps en temps : ?Je sens que la joie est trop forte pour moi, c?est comme si mon c?ur était trop petit pour la contenir ! Et elle desserre sa ceinture de laine nattée, en respirant profondément. Quand ses s?urs viennent l?aider, il ne manque rien dans la petite pièce qui sert de débarras. ?Mais cela peut nourrir toute une caserne, Massika, c?est trop ! ?Non, c?est en même temps une sadaka ! Que les gens mangent tout leur soûl c?est la première fois que je fais la fête ! Le jour du mariage Massika est méconnaissable elle qui s?était complètement négligée pendant vingt longues années ne trouvant aucune joie, tant que son fils croupissait en prison. (à suivre...)