Travailler au sein d'une mosquée ou d'une église doit être, avant tout, considéré comme une fonction et non pas être lié au «caractère sacré, pur et infaillible» des personnes exerçant dans ce domaine. Un imam ou un prêtre est un être humain qui peut être atteint de perversion et commettre des actes ignobles. Et cela n'a aucune relation avec le discours qu'il tient en direction des fidèles. Si la religion appelle les êtres humains à adopter un comportement «sain et correct», cela ne peut absolument pas remplacer la nécessité d'une prise en charge psychologique, et parfois psychiatrique, des «aliénés». Prendre conscience de cette réalité est aujourd'hui plus que nécessaire et permet de dénoncer les comportements indignes des hommes de religion. «C'est le tabou qui entoure le sujet qui fait qu'on se retrouve aujourd'hui face à des frustrés sexuels qui se cachent derrière leurs habits de religieux, profitant de l'ingénuité des parents et des pouvoirs, pour s'acharner contre de pauvres enfants sans défense», estime la psychologue Dalila Soltani. D'ailleurs, la plupart des enfants victimes de pédophilie dans les lieux de culte n'osent pas informer leurs parents. «Il faut sensibiliser et informer l'entourage, qui demeure en premier lieu les parents, des risques que peuvent encourir leurs enfants dans les écoles coraniques surtout que la sélection des imams ne repose malheureusement pas sur des règles précises comme l'exploration de la personnalité par une expertise psychologique», estime notre interlocutrice. Ensuite, ajoute-t-elle, il importe de briser le tabou autour de ce sujet, convaincre la société qu'un homme de religion n'est pas totalement infaillible, que c'est un être humain capable du meilleur comme du pire. «En plaçant son enfant dans une école coranique, on ne doit pas faire une confiance aveugle à son enseignant juste parce qu'il enseigne la religion. Observer tout changement de comportement chez l'enfant doit emmener les parents à se poser des questions sur les raisons. Des contrôles périodiques et à l'improviste des parents dans ces écoles permettent également de montrer au maître qu'ils sont à l'affût de tout ce qui touche de près ou de loin à l'éducation de leurs enfants», ajoute la psychologue.