De notre bureau : Statut n El-Affroun, daïra située à 20 km du chef-lieu de wilaya de Blida et qui tend à devenir un pôle important, semble ne pas réaliser la chance qui lui est offerte. «Nous devons profiter de toutes les possibilités qui se présentent à travers notamment l'université qui prend forme et qui va accueillir, dès la rentrée prochaine, plus de 6 000 étudiants», déclare M. Loukil, enseignant. Sise à un carrefour entre le littoral et les Hauts-Plateaux, intersection de deux routes nationales et donnant directement sur la rocade Est-Ouest, El-Affroun se prépare mal à ce grand rendez-vous de l'histoire. Le wali de Blida n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger tous les auteurs d'anomalies dans les travaux engagés avec les deniers publics. «Le directeur des travaux publics veillera au contrôle du revêtement du sol et les contrevenants seront poursuivis en justice», a-t-il affirmé à l'issue de la visite d'inspection du tronçon de route sis à Beni Djemaâ, sur la route menant à Oued Djer. Plus de 80 millions de dinars ont été débloqués pour la rénovation des cités, l'installation d'aires de jeux et d'espaces verts pour la wilaya. La daïra d'El-Affroun aura également sa part du gâteau. Pourvu que ces budgets soient utilisés à bon escient. «Vous avez pris l'habitude de tromper les gens ; ce ne sera plus possible dorénavant», a lancé le wali en direction d'un des entrepreneurs. Que dire lorsqu'on apprend qu'un hôtel, celui des Berenguer, existait avant l'indépendance alors que la population était nettement inférieure aux 70 000 âmes recensées en 2008 ? Une certaine mentalité de «centralisme» fait que les gens ne s'arrêtent plus dans ce grand village. En sera-t-il autrement à l'avenir ? Un élu, Abdelkader, en est convaincu : «Nous ferons en sorte que notre commune soit jumelée avec des villes européennes et nous saurons intéresser nos jeunes à ce qui permet de mettre sur les rails du développement une région pareille.» Les enfilades de commerce sur la route principale sont à prédominance alimentaire mais la tendance ira certainement vers plus de services de prestations comme les bureaux d'études, ceux d'avocats et les cabinets médicaux. Région agricole ayant misé sur la vigne et le tabac, après le crin végétal, El-Affroun est renommée pour être un grenier à blé non négligeable et un réceptacle de main-d'œuvre qualifiée grâce au Cfpa qui forme annuellement plus de 5 00 jeunes dans une dizaine de spécialités. «Le taux d'intégration des jeunes dans le monde du travail est supérieur à la moyenne nationale», affirme M. Abdelkader qui se montrera également fier des ressources sportives d'El-Affroun. «Nous avons eu Kebaïli, Akli, Benturki, Ighili, Khezrouni et tant d'autres qui demeurent toujours des exemples à suivre. Le développement des cités au sud de la commune, comme la cité Beni Mouimen, ramène son lot de jeunes talents mais tout le monde s'accorde à dire que le futur pôle universitaire servira de fer de lance à la région. Culture Rénia Aouadène à Blida Née à Marseille de parents algériens, Rénia Aouadène fait des séjours fréquents en Algérie où elle aime bien retrouver les montagnes de Kabylie. Elle est assistante de français à Cordoue et à Grenade, ce qui lui permet de recevoir de l'Andalousie un pan de la culture de son pays d'origine. «Je voudrais dire que ce roman est d'abord un hymne à la terre algérienne, riche des cultures qui l'ont traversée et qui y ont laissé des traces à travers ces hommes qui se sont battus pour qu'elle soit libre», disait Aouadène dans un de ses nombreux entretiens à l'occasion de la sortie de son livre Nedjma et Guillaume, éditions Marsa. C'est elle qui déclame dans un de ses nombreux poèmes : «Andalousie ma mère, je pleure ton déclin», revenant à des temps anciens où les civilisations se côtoyaient. Aouadène fera dire à Nedjma, un de ses personnages : «Le peuple algérien est le fruit de toutes ces cultures, dans sa langue, sa musique, ses traditions.» Et les personnages de l'auteur subiront toutes les aventures de ce mélange de races, un tourbillon dont on ne sort pas sans égratignures, la moindre des blessures il faut le dire. Un recueil de poésies sur CD «Algéries-Andalousies-Marseille» est lu par Aouadène et la condition de la femme revient comme un leitmotiv dans le pluriel très appuyé de «Algéries» et de «Andalousies» avec, en fond sonore, la musique de Denis Chauvet à la guitare et à la basse, accompagné de percussions et de violon. Des instants de pur bonheur que jeune public et étudiants devraient apprécier. Agriculture Chiffres en hausse pour la Mitidja l 47 millions de litres de lait pour la wilaya de Blida : un chiffre en hausse et qui concrétise les différents dispositifs d'aide aux agriculteurs mis en œuvre à travers la politique de soutien de l'Etat. 2009 a, en effet, été excédentaire selon le rapport de la direction des services agricoles de la wilaya de Blida, dépassant de loin la moyenne nationale. «Disponibilité de fourrages et pluviométrie conséquente, auxquelles il faut ajouter le soutien de l'Etat pour le litre de lait, passé de 7 DA à 12 DA, soit 5 DA de plus comme encouragement», rappelle un employé des services agricoles. 700 investisseurs – dont 450 adhèrent aux programmes de proximité et de développement rural intégré (Ppdri) – dans la filière sont recensés, d'où des chiffres en hausse attendus pour l'exercice 2010, à la condition de sensibiliser plus d'éleveurs. Pour la question des agrumes, il est rappelé que la région réserve près de 17 000 ha, soit 70% de la surface agricole utile (SAU) mais le rendement à l'hectare demeure insuffisant même si Blida couvre 32% des besoins du marché national avec une production annuelle de 2 660 000 quintaux. 4 000 ha supplémentaires sont prévus sur un plan quinquennal afin de remplacer les vieux vergers et développer davantage la filière agrumes. M. Bentifour, producteur, assure : «Nous dépendons également de la politique de distribution qui nous échappe et nous nous attelons à changer les règles afin que les prix au marché diminuent.» Le système de régulation des produits agricoles de large consommation a permis, par ailleurs, de stocker plus de 40 000 quintaux de pommes de terre, régularisant ainsi le marché et protégeant le pouvoir d'achat du citoyen. Les services agricoles demeurent confiants dans les potentialités que recèle la région en qualité de la terre, des cultivateurs et des produits. Economie : le groupe Kadri Luminaire Dans la pure tradition familiale Une des plus anciennes industries post-indépendance dans la région de Blida — le groupe Kadri Luminaire —, demeure attachée viscéralement à la fonction de «donneur de lumière». La famille Kadri, originaire de Blida et ayant habité comme nombre d'autres familles blidéennes, le quartier de Douirette, est connue par les anciens sous le nom de «fenardji» ou Dar-fenardji pour qualifier la famille lors des invitations aux différentes fêtes de mariage, circoncisions et autres occasions. L'histoire retient que l'aïeul des Kadri travaillait dans la marine du temps des Ottomans, s'occupant de l'entretien des bateaux et de leur éclairage. Il deviendra, naturellement, allumeur de réverbères à Blida en veillant sur les vitres et les lampes à huile qu'il allumait à la tombée de la nuit. «Nous continuons en quelque sorte cette fonction avec l'éventail de l'éclairage familial et public», déclare dans un sourire Halim Kadri, l'homme à la tête du Groupe Kadri Luminaire. Sa devise : «A chacun son métier, le nôtre est de vous éclairer», est suivie à la lettre par le groupe qui affirme sa présence même à l'étranger. Cependant, des entrepreneurs sans scrupules volent des modèles et les proposent à leurs clients. «Nous dénonçons ces actes que nous pouvons qualifier de crime économique puisque nos produits sont le fruit de mois et d'années de recherche, des investissements qui garantissent par la suite la qualité des produits», assure Rochdi Kadri, fils de Halim et gérant du groupe. Ce dernier précisera que le groupe a introduit une action en justice pour deux contrefacteurs avant de préciser avec fierté que le groupe s'est développé jusqu'à installer un laboratoire d'essais de ses produits, vu que la gamme a évolué, incluant les aires de jeux et la construction de fontaines publiques, bien loin alors de la fonction, ô combien symbolique, de l'aïeul.