Résumé de la 3e partie n On découvre que l'enfant s'appelle Vania, un garçon de 6 ans qui vivait seul avec son père alcoolique depuis la mort de sa mère dans un accident de la circulation… Vania, du haut de ses 6 ans anémiés et martyrisés, a pris petit à petit l'habitude de chercher des compléments alimentaires dans les pauvres poubelles de la ville. De recherches administratives en dossiers incomplets, l'administration soviétique finit par fournir un élément : Vania, qui se nomme Bakouneff, aurait été placé deux ans auparavant par un père incapable de le supporter plus longtemps dans un foyer pour orphelins. Mais il se serait échappé et serait allé rejoindre les cinquante mille enfants sans foyer qui traînent dans les rues de Moscou et des autres villes soviétiques, se nourrissant de bribes de nourriture disputées aux rats, logeant dans des caves abandonnées. La saleté de Vania et son jeune âge lui ont sans doute évité de se trouver en butte à des propositions malhonnêtes qui l'auraient conduit à la prostitution. On pense que c'est au cours de luttes farouches entre enfants et chiens pour de la nourriture issue des poubelles d'un hôtel que Vania serait tombé nez à nez avec une grosse chienne qui aurait sans doute perdu un chiot. Une sorte de coup de foudre entre humain et animal. La chienne est le chef d'une meute hétéroclite. Et c'est sans doute elle qui a invité -à sa manière- l'enfant à les suivre. Les autres chiens n'ont pas voix au chapitre. Ou peut-être sont-ils compatissants envers ce petit d'homme qui est bien incapable de leur faire du mal ? D'autres témoignages, d'autres rapports viennent compléter le tableau : Vania s'habitue petit à petit à la chaleur animale du groupe. Il suit sa «mère adoptive» jusqu'à une décharge publique où la meute a élu domicile. A la belle saison, il n'a sans doute pas d'autre choix que de s'habituer à la compagnie permanente des puces. Il a attrapé la gale, mais personne ne sait depuis quand. Un badigeonnage complet vient à bout du parasite auquel Vania ne semblait plus sensible. Vania donne d'autres détails sur sa vie de «chien» — La nuit, les chiens se couchaient sur moi pour me tenir chaud. «Maman chien» me donnait des os à ronger et quand elle trouvait de la viande elle m'en apportait toujours un morceau. En entendant cela, le personnel hospitalier, pourtant habitué à en entendre des vertes et des pas mûres, frissonne de dégoût : la viande sortie des poubelles, avariée, puante, grouillante de vers... Le bon cœur de «maman chien» leur donne la nausée. Et l'hiver ? Eh bien ! Vania passe deux hivers sous sa couverture de chiens vivants ! Il faut dire que l'hiver 1996, dans la région de Moscou, a atteint des records de froid sidérants : moins 30°. Cet hiver-là, la neige est tombée si drue qu'elle avait atteint le premier étage des tristes immeubles du village. Comment un enfant nu a-t-il pu survivre ? Vania emmène ses accompagnateurs jusqu'à un immeuble, lequel, pour des raisons inconnues, n'a jamais été terminé. Une porte en fer rouillée donne accès au sous-sol. Dans les couloirs obscurs et déserts de la cave, des restes de nourriture, des os à demi rongés dénoncent la présence récente de la meute qui a servi de famille à l'enfant. On fait une contre-enquête et l'on finit par découvrir le père de Vania. Entre deux bouteilles de vodka, le géniteur semble peu intéressé par le destin de son rejeton. D'une voix pâteuse, il parvient à réveiller dans sa mémoire le souvenir d'un enfant qui devait être coupable de tous les défauts : Comme sa putain de mère ! La garce a foutu le camp... Que le diable l'emporte ! Vania ? Ah oui! il me semble bien que c'était Vania ! Petite vache. Je l'ai dressé à coups de ceinturon. Lui apprendre à vivre ! Respect à son père qui le nourrissait ! Aucune reconnaissance ! (à suivre...)