Aveu n Face aux critiques, l'OMS a fini par reconnaître ses erreurs dans la gestion de la grippe porcine. Lors d'une réunion d'évaluation organisée récemment en présence de 29 experts indépendants, Keiji Fukuda, le principal spécialiste de la question au sein de l'organisation onusienne a admis que l'état d'alerte décrété par l'OMS a contribué à créer un climat de peur et d'angoisse parmi la population mondiale. Selon lui, ce climat a été aggravé par la communication faite autour d'un autre virus grippal, celui de la grippe aviaire. L'OMS a mal communiqué sur la question et a été incapable de «répondre à la demande des opinions publiques au fur et à mesure de l'expansion du virus», a-t-il relevé. Et d'ajouter que l'aspect relatif à l'incertitude qui prévaut dans tous les cas de pandémie a été négligé, ce que «beaucoup ont interprété comme un processus dénué de transparence». Même l'échelle d'alerte à la pandémie a entretenu la confusion, notamment en ce qui concerne la terminologie utilisée à propos du virus et de la pandémie. «La confusion autour des phases et du degré de gravité demeure une question très contrariante», a affirmé le chercheur américain. Cet échec dans la gestion de la grippe porcine, M. Fukuda l'a imputé en partie aux nouveaux médias que sont les blogs, l'email et Twitter. Il y a eu «des informations, des rumeurs, beaucoup de spéculations et des critiques dans de nombreux supports», a-t-il affirmé en substance. Et David Heymann, ancien responsable des maladies contagieuses de l'OMS, d'admettre qu'il est très difficile de corriger les idées erronées» une fois qu'elles circulent sur Internet et dans les réseaux sociaux. De l'avis de M. Fukuda, l'OMS doit apprendre à «anticiper et répondre aux attentes et inquiétudes changeantes des populations». De son côté, la directrice générale de l'organisation onusienne, Margaret Chan, a promis de faire toute la lumière sur la gestion de la pandémie et d'en tirer les leçons afin de mieux faire face à d'autres crises de santé publique à l'avenir. «Nous voulons savoir ce qui a bien fonctionné. Nous voulons savoir ce qui n'a pas marché, et dans l'idéal, pour quelles raisons. Nous voulons savoir ce qui aurait pu être amélioré et dans l'idéal, de quelle manière», a-t-elle déclaré en accueillant les 29 experts au siège de l'OMS.