Résumé de la 51e partie n La campagne contre la chaise électrique de Thomas Edison commence à porter ses fruits, quand Kemmler, condamné à mort, la demande ! Le 6 août 1890, au matin, Kemmler, souriant, quitte sa cellule pour la salle d'exécution. Des journalistes y ont été conviés et tous écriront qu'il semblait être maître de soi ; en tout cas, beaucoup moins nerveux que les personnes qui doivent assister à l'exécution : des officiels, un médecin, un pasteur… Kemmler s'incline devant tout le monde. — Mon révérend, dit-il au pasteur, j'ai rempli, ce matin, mes devoirs religieux ! Puis, il demande la permission de faire un petit discours. demande acceptée bien évidemment. «Je regrette, dit-il en substance, d'avoir commis un meurtre et je demande qu'on me pardonne. Je n'ai pas eu beaucoup de chance dans ma vie, mais vous, messieurs, j'espère que vous en aurez plus que moi !» Et il ajoute, souriant : «Je vous souhaite aussi d'avoir une fin très douce… Aussi douce que celle que je vais avoir !» On lui montre la chaise. Il enlève sa veste et s'y installe docilement. L'assistant du bourreau lui introduit les fils électriques et l'électrode par où passera le courant. Ensuite, on lui lie les mains et les pieds au moyen de courroies. Il essaye de se dégager et, comme il n'y parvient pas, il dit, satisfait : — C'est bon, c'est solide ! L'assistant lui demande si tout va bien. — C'est parfait ! dit Kemmler. L'homme fait un signe au bourreau qui actionne aussitôt les manettes qui commandent le courant. On voit aussitôt le corps de Kemmler se gonfler et son visage, devenir rouge, comme s'il cuisait. Une odeur de brûlé remplit la pièce. «Il est mort.» L'assistant s'approche du corps et commence à desserrer les courroies quand il pousse un cri. «Il bouge ! Il est encore vivant ! Il faut recommencer.» Deux hommes s'évanouissent, le pasteur quitte la pièce, horrifié, décidé à protester contre ce mode inhumain d'exécution. On doit rattacher Kemmler et lui envoyer une autre décharge. La première, de 700 volts, a duré 17 secondes, la seconde de 1 030 volts a duré autant. L'autopsie va révéler des brûlures du 3e degré sur tout le corps et un durcissement du cerveau. Le visage défiguré a fait dire aux médecins qui l'ont examiné qu'il a dû endurer de grandes souffrances… Edison triomphe : il veut baptiser la chaise par le nom de «Westinghouse» pour ternir encore plus la réputation de son adversaire, mais il n'y parviendra pas. Westinghouse ripostera en déclarant qu'une hâche aurait été plus efficace pour exécuter le condamné. En tout cas, il va continuer à défendre le courant alternatif. Edison aura finalement échoué : pire, son entreprise, la General Electric, sera obligée de s'adapter à ce type de courant ! La chaise électrique, en dépit du scandale soulevé par l'exécution de Kemmler, est adoptée par d'autres Etats américains : l'Ohio, le New jersey, la Virginie… Son emploi finira par se généraliser et elle restera, jusqu'au début des années 1980, le moyen le plus utilisé pour exécuter les condamnés à mort. A suivre K. Noubi