Résumé de la 49e partie n La première chaise électrique, fabriquée selon les principes d'Edison, est mal faite. le premier condamné est brûlé, mais n'est pas tué. Le maire, comme pour se racheter, commue la peine de mort en prison à perpétuité ! Cet échec de la première tentative d'électrocution d'un prisonnier ne décourage pas les partisans d'une modernisation des procédés d'exécution. Parmi eux, il y a le maire de la ville de Buffalo où William Kemmler, l'obscur immigré assassin, vient d'être condamné à la peine de mort. Kemmler, selon les habitudes de l'Etat, devra être pendu dans quelques jours. Or, le maire de Buffalo a justement horreur de la pendaison. La vue des pendus, la face violacée, les yeux exorbités et le corps secoué de soubresauts lui a toujours été insupportable. Le moment n'est-il pas venu de mettre fin à ce type d'exécution et d'adopter l'électrocution. Ce n'est pas parce que la tentative de Sing-Sing a échoué qu'il faut abandonner l'idée. Il suffit seulement de construire une machine plus fiable, d'envoyer la décharge électrique qu'il faut pour mettre fin, de façon propre, à la vie du condamné. Le maire s'adresse à l'assistant de Edison qui accepte d'élaborer les plans d'une chaise électrique, conçue cette fois-ci non pas comme une machine de foire, propre à tuer des animaux, mais comme un moyen d'exécution de condamnés. Le plan est fourni en un temps record et le maire annonce que la chaise électrique – le nom date de cette époque – est prête à fonctionner. Le maire de Buffalo prend la décision de la faire inaugurer par William Kemmler, condamné pour le meurtre de son amie. «William Kemmler, premier condamné à bénéficier de la chaise électrique !» L'information fait la une de la presse de l'Etat de New York. Westinghouse n'est pas content : une fois de plus, ses recherches vont être discréditées ! Il n'y a pas de doute qu'Edison fera du tapage autour de cette exécution pour dénoncer les dangers du courant alternatif. C'est pourquoi, il doit, coûte que coûte, faire interdire cette horrible machine : l'électricité n'est pas faite pour tuer, mais pour éclairer le monde… Le courant alternatif, qu'il ne cesse de défendre et de promouvoir, ne doit pas être utilisé de la sorte ! Or, il sait qu'il aura beau protester on ne l'écoutera pas. Alors, cette fois-ci, il décide d'agir par personne interposée. Il recrute secrètement l'avocat le plus en vue sur la place de New York, Bonki Cochram, et il le charge de mener une campagne virulente contre la chaise électrique. Cochram va se dépenser sans compter, multiplier les interviews dans les journaux, animer des conférences, vilipender au nom de l'humanité cette «invention funeste». — On a vu, clame-t-il, comment les chats et les chiens suppliciés par monsieur Edison et son assistant s'agitaient, grimaçaient, hurlaient… veut-on infliger cet horrible supplice à des êtres humains ? Cochram en appelle ainsi à la conscience des Américains mais il en appelle aussi à la loi, à la constitution des Etats-Unis : — La loi, mesdames et messieurs, interdit les châtiments cruels ! Ce mode d'exécution qu'on veut introduire dans notre Etat est anticonstitutionnel, illégal, barbare et inhumain ! Il faut l'interdire ! (à suivre...)