Histoire n Les massacres du 8 Mai 1945 furent l'un des épisodes les plus sanglants du long chemin de lutte, de souffrance et d'héroïsme parcouru par le peuple algérien, selon Mohamed-Cherif Abbas. S'exprimant à l'ouverture d'une conférence nationale sur «les prisons et les camps de détention durant la colonisation», organisée à l'université de Sétif à l'occasion du 65e anniversaire de ces événements, le ministre des Moudjahidine a rappelé avec quelle sauvagerie la «fête de la victoire des Alliés sur le nazisme fut transformée en bain de sang». La répression du cri de l'Algérie pour sa liberté était réfléchie et préméditée pour faire taire le peuple algérien, a ajouté Abbas devant de nombreux invités. Le ministre des Moudjahidine a également estimé que le 8 Mai n'est pas seulement une date pour le souvenir, le recueillement et la tristesse, mais «une référence» dès lors qu'elle avait permis, en son temps, de «revoir les calculs, de voir la vérité en face et de préparer la réponse». Auparavant, le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine, Saïd Abadou, rappelant à son tour les souffrances endurées par les Algériens, à «Sétif, à Guelma, à Kherrata et dans de nombreuses autres régions algériennes», a fait part de sa «conviction» que les «conditions appropriées pour la construction d'un partenariat pour la coopération entre les deux pays» restent liées à l'«avènement d'une initiative de la France portant sur la révision de sa politique traditionnelle vis-à-vis des questions se rapportant à la période coloniale». Dans un communiqué publié à la veille de la commémoration de l'anniversaire de ces massacres, le parti du Front de Libération Nationale (FLN) a indiqué, pour sa part, qu'il «ne se lassera jamais de revendiquer la reconnaissance de la vérité du crime colonial ni d'exiger des excuses officielles et publiques et l'indemnisation». Ce chapitre, poursuit le communiqué, «ne sera jamais clos», car il renvoie à «la liberté chèrement acquise par le peuple algérien qui l'a payée de sa vie». Toujours dans le cadre de la célébration de ces événements, la section de Toulon de la Ligue française des droits de l'homme a saisi Hubert Falco, maire de cette ville du sud de la France et également secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens combattants, pour lui rappeler «l'autre 8 Mai 1945», marqué par le massacre de milliers d'Algériens. «Vous allez, ce 8 Mai, célébrer le 65e anniversaire de la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie. L'armée française qui a libéré la France, en commençant par Toulon en août 1944, comportait de nombreux combattants coloniaux notamment des Algériens dont beaucoup perdirent la vie au cours de cette guerre», écrit cette section dans une correspondance cosignée par plusieurs associations de la région. L'ONG française a rappelé aussi qu'en avril 2008, l'ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, a reconnu à Guelma la «très lourde responsabilité des autorités françaises de l'époque dans ce déchaînement de folie meurtrière». Dans ce sens, les signataires de la lettre ont appelé le secrétaire d'Etat français à «amplifier à l'occasion de cette commémoration les efforts de vérité de notre pays sur son passé colonial», soulignant également que «la France a du mal à assumer cette page de son histoire». Synthèse Assia B.