Le Salon d'automne a démontré un potentiel artistique saillant et a mis au jour des artistes talentueux. Il se trouve que la production en matière d'arts plastiques demeure classique. Il y a certes une recherche, mais point d'innovation dans la pratique ou dans les procédés de création. Ce sont généralement des peintures, soit figuratives soit abstraites, soit à mi-chemin entre les deux, toutes exécutées selon des techniques usuelles, voire conventionnelles. Très peu de photographie et de sculpture. Les autres formes d'expression artistiques, tels que les arts visuels, le design ou encore les installations à base de matériaux actuels, n'y sont pas présentées. Ceci en raison de l'absence d'un cadre favorable à l'épanouissement de l'artiste, donc au développement de son talent. Il y a en effet un retard criant dans les formes d'expression et de représentation contemporaines, et cela est manifestement dû à la crise. Sans moyens, l'artiste ne peut en aucune manière produire conformément à l'évolution de la société et de l'art, et il ne peut, du coup, faire des recherches sur de nouvelles techniques et procédés de création, telles que les nouvelles technologies. Il se limite alors à un travail classique, parfois convenu ou type. Son imaginaire et son esthétique se révèlent systématiquement figés. L'art, pour les artistes algériens, devient simplement, en dépit de leur talent, un geste de reproduction alors qu'il ne peut être qu'un acte d'engagement, celui de composer, d'innover et de créer. L'art n'est plus une réflexion, mais une figuration, suivant les vieux schémas de représentation. La crise a, en outre, fait défaut à l'émergence et au développement de mouvements ou de courants artistiques. Les lieux où les artistes pourront se réunir, partager leurs expériences et véhiculer ou confronter leurs idées, des lieux propices à la naissance d'un mouvement ou d'une tendance artistique, sont rares, voire inexistants. Les artistes sont isolés et travaillent peu. Les projets sont alors rares.