Résumé de la 3e partie n Alors que les deux troupes s'apprêtent à s'affronter, Yoland, le chien fidèle, s'élance vers l'armée ennemie... Les capitaines dans leurs armures scintillantes se signent par instinct. Ils regardent Charles de Blois : que faut-il faire ? Yoland est-il en train de donner le signal de l'affrontement général ? Faut-il le suivre ? Que dira-t-on plus tard des vaillants capitaines qui auraient suivi l'ordre d'un vieux chien ? Que dira-t-on si ce chien leur indique le départ vers la victoire ? Mais d'autre part que dira-t-on si le vieux lévrier de la sorcière les conduit tout droit à une défaite ? Tout le monde est désorienté en voyant Yoland filer vers les rangs des Bretons de Jean IV. D'ailleurs,dans le camp adverse on est tout aussi perplexe : — Regardez, c'est Yoland ! Il arrive vers nous. Que signifie cela ? Dans camp de Jean IV et Jeanne de Flandre, tout le monde connaît aussi Yoland, sa légende et sa réputation. Tout le monde connaît la prophétie. Pourquoi le lévrier arrive-t-il vers le camp ennemi ? — Monseigneur, gardez-vous de ce chien de sorcière ! S'il allait vous mordre ou vous sauter à la gorge ? Si c'était la sorcière elle-même réincarnée par les forces du Diable qui venait pour vous détruire ? Jean IV de Montfort et Jeanne de Flandre s'attendent au pire. Yoland arrive, il semble chercher quelqu'un du regard et de la truffe. Il hume l'air et les odeurs des soldats mal réveillés. Puis il se dirige vers Jean de Montfort et se dresse sur ses pattes arrière. D'un coup de langue il vient caresser la main nue de jean, prétendant au titre de duc de Bretagne. — Monseigneur, il vient vous rendre hommage ! Si la prédiction s'accomplit, Yoland vient de faire allégeance. Vous serez ce soir le nouveau duc de Bretagne ! Du coup les troupes de Jean IV poussent un cri de victoire qui glace le sang du camp adverse. D'ailleurs, Charles de Blois a suivi toute la scène. En ce temps-là, les troupes se rangeaient à un jet de pierre de l'adversaire. Charles de Blois a vu son cher Yoland baiser la main de son nouveau maître. Des larmes jaillissent de ses yeux fatigués : — C'en est fait de nous, messeigneurs ! Pourtant, gardons confiance en Dieu et battons-nous pour la plus grande gloire du Seigneur et de la Bretagne. Les cavaliers en armures ébranlent leurs montures dont les caparaçons métalliques font entendre des cliquetis sinistres. Les deux troupes commencent à s'entrechoquer dans les clameurs et les premiers cris de douleur des blessés. A la fin de la journée Charles de Blois, qui n'a que 45 ans, n'est plus duc de Bretagne : il a été tué. Bertrand Du Guesclin, malgré son courage et sa laideur, est fait prisonnier par le capitaine Chandos, un Anglais. Jean de Montfort peut savourer la victoire de son camp. Il est devenu duc de Bretagne. Jeanne de Penthièvre, vaincue et veuve, se sent pourtant prête à continuer la lutte. Or, l'intervention presque surnaturelle de Yoland démoralise le moral de ses troupes. Elle se voit contrainte d'accepter le traité de Guérande. Aux termes de celui-ci, elle doit céder, l'année suivante, son titre à Jean IV. Yoland, ayant accompli sa dernière mission, fut retrouvé mort sur le champ de bataille. Non pas tué, car personne n'aurait voulu porter atteinte à cet animal sacré, mais mort d'un arrêt de son pauvre cœur. Pierre Bellemare