On raconte qu'une personne possédait un âne qui vivait dans l'oisiveté et un bœuf épuisé par le labeur. Le bœuf se plaignit un jour à l'âne et lui dit : «Frère, n'as-tu pas un conseil qui m'aidera à esquiver cette fatigue ? — Fais semblant d'être malade, lui dit l'âne, ne mange pas ton fourrage : le lendemain, lorsque notre maître te verra dans cet état il te laissera et ne te prendra pas aux labours ; alors tu te reposeras.» Leur maître, nous confie le conte, comprenant la langue des animaux, entendit leur conversation. Le bœuf suivit le conseil de l'âne ; le lendemain ; leur maître vint et remarqua que le bœuf n'avait pas mangé son fourrage ; il le laissa, prit l'âne à sa place et laboura avec lui toute la journée. Celui-ci crut qu'il allait mourir d'épuisement... Il regretta alors son conseil au bœuf. Lorsqu'il rentra le soir, le bœuf lui demanda : «Comment vas-tu, frère ? — Bien ! répondit-il. Cependant, j'ai entendu un propos te concernant, qui m'a alarmé. — De quoi s'agit-il ? demanda le bœuf. — J'ai entendu notre maître dire, lui répondit l'âne, que si le bœuf devait rester malade il faudrait l'égorger pour qu'il ne perde pas de sa valeur. Je te conseille donc de reprendre tes habitudes et de manger ton fourrage pour éviter que ce grand malheur ne t'arrive. — Tu as raison, lui répondit le bœuf.» Et il se mit tout de suite à sa mangeoire. Entendant cela, leur maître éclata de rire. Moralité : celui qui a peu d'esprit commet des actes qui peuvent se retourner contre lui.