Résumé de la 3e partie n Le Padichah d'Antep décide de marier sa femme à Mehmet Agha qui, grâce au Chef-Caravanier, ressemble à un vrai industriel... En route, Mehmet Agha pense déjà à l'âne et au bœuf. Quand il arrive, les deux gendarmes se mettent au garde-à-vous ; puis sur un signe de tête ils se mettent au repos ; enfin l'un d'eux se courbe en deux pour que son dos serve de marchepied à notre homme qui, ainsi, monte en voiture. Lui est assis à l'avant ; les gendarmes, tout émus de côtoyer un si grand homme, sont à l'arrière. Le Chef-Caravanier qui sera son garçon d'honneur explique : «Quand nous serons là-bas tu verras tous les hommes du Padichah, réunis comme au jour du Jugement Dernier, qui attendent le gendre du souverain. Tu te frayeras un chemin parmi eux. Les portes, les fenêtres et les toits regorgeront de monde. Quand ils t'acclameront, tu prendras ton chapeau à la main et tu salueras avec la tête d'un côté et de l'autre. Puis nous irons chez le Padichah. Si on demande pourquoi tu ne parles pas je répondrai que tu es fatigué et qu'il faut t'excuser. Quant à toi, ne te mêle de rien, je parlerai pour toi.» Mehmet Agha est tout à fait d'accord mais il ne pouvait s'empêcher, de temps en temps, de penser encore à l'âne et au bœuf qui, peut-être, seraient dévorés par le loup, tandis que le Chef-Caravanier ne cessait de lui répéter de ne pas s'en soucier. A Antep la foule s'est massée, comme au jour du Jugement Dernier, pour accueillir le gendre du Padichah. Notre homme prend son chapeau à la main et salue de la tête comme on le lui avait appris, d'un côté puis de l'autre, tout en montant les escaliers. A ceux qui demandent pourquoi il ne prononce pas une seule parole le Chef-Caravanier répond qu'il faut l'excuser car il est très fatigué et qu'il parlera plus tard. Mehmet Agha était vraiment séduisant avec son bel habit neuf. Le Padichah lui souhaite la bienvenue et lui tend la main, sur quoi notre bonhomme la lui serre en faisant un petit salut de la tête, puis ils entrent dans le salon de réception, suivis du Chef-Caravanier toujours empressé à répondre aux questions du Padichah. Dès que celui-ci s'absentait, appelé au dehors pour quelque affaire urgente, Mehmet Agha en profitait aussitôt pour parler de l'âne et du bœuf que le loup dévorerait peut-être, alors le Chef-Caravanier très fâché, lui disait : Espèce d'idiot ! Vois un peu d'où tu viens ! Te voilà maintenant dans la demeure d'un souverain qui, de plus, te donne sa fille en mariage. Je t'en prie ne dis rien !» Mais le seul souci du laboureur était son âne et son bœuf, et il se moquait bel et bien d'être marié ou non à la fille d'un souverain. Pour ne pas perdre de temps, on célèbre en même temps les fiançailles et les noces. Le Chef-Caravanier, qui est son garçon d'honneur, lui apprend tout, l'accompagne jusqu'à la chambre nuptiale et, avant de le quitter, lui rappelle : «Fais attention ! N'oublie pas ce que je t'ai dit ! Jusqu'ici je t'ai aidé, maintenant tu vas être riche. La mariée, assise dans cette chambre, est la fille du Padichah. Oublie désormais l'âne et le bœuf.» Mehmet Agha entre dans la pièce et voit la mariée assise dans un fauteuil, qui lui sourit. Elle est jolie comme une poupée, c'est une vraie beauté. Mais notre homme n'en a que faire et, préoccupé par son idée fixe, il réfléchit à la façon de se sauver de là. (à suivre...)