Sidi Ali est hanté par le désir de quitter son village natal, Eghriss, et de se rendre à Koléa où des voyageurs lui ont vanté le prestige de ses enseignants. Un jour, il décide de partir. Il en parle à deux de ses connaissances auxquelles il propose de le suivre. «Nous partagerons ce que nous gagnerons, leur dit-il, et surtout nous acquerrons ce qu'il y a de plus précieux au monde : la connaissance !» Un beau matin, les trois hommes partent, sans informer personne. Ils n'ont pour tout bien que leurs baluchons dans lesquels ils serrent quelques effets, et leur burnous. Celui de Sidi M'barek est tout rapiécé, tellement il l'a porté, il est quasiment en lambeaux. Les trois hommes marchent longuement, s'arrêtant dans les agglomérations qu'ils traversent, mangeant ce que les gens leur donnent, buvant l'eau des sources. Si sidi M'barek supporte les désagréments du voyage – le Prophète Mohammed, n'a-t-il pas dit que le voyage est une portion du châtiment divin ? Ses compagnons en revanche semblent se lasser. L'un d'eux dit : — C'est encore loin, cette ville où tu veux nous conduire ? — Il faut encore marcher, répond Sidi M'barek — Nous sommes fatigués, disent les deux hommes. — Un peu de patience, et vous serez comblés !