De ce jour, la réputation de Sidi Ali M'barek grandit dans la ville de Koléa, puis dans toute la région. On vient de partout, pour voir le saint qui réalise des prodiges. «Intercède en notre faveur, le supplient les gens !» On lui ramène des malades, des paralytiques, les femmes stériles le prient de faire quelque chose pour elles. Lui, se contente de faire des invocations, de prier Dieu de venir en aide aux croyants dans la détresse. Il explique que les prodiges, c'est Dieu qui les crée et que lui n'est que son serviteur. Les visiteurs font des dons, donnent de l'argent. Sidi M'barek accepte les présents non pour son usage personnel, mais pour la construction d'une zaouïa, qu'il veut à la fois un établissement d'enseignement de la religion et un asile pour les pauvres et les miséreux. C'est qu'il n'oublie pas sa condition première, et le burnous qu'il portait quand il est arrivé à Koléa, est toujours là pour en témoigner. La zaouïa voit bientôt le jour et Sidi Ali M'barek va la diriger. Les étudiants affluent par centaines, de sorte que la salle de cours ne peut plus les contenir. A la réputation de thaumaturge, l'homme joint celle d'un savant réel. Dieu lui a donné, en effet, le savoir et le sens du discernement, si bien qu'il dépasse bientôt tous les maîtres de la ville.