Sidi Ali M'barek, le vénérable saint de Koléa, était pauvre dans sa jeunesse, il a dû s'engager comme métayer (khemmès). Le travail est dur et le salaire est très modeste, mais sidi Ali M'barek est satisfait : il peut vivre et suivre, quand il peut, les cours des médersas. Dès qu'il arrive au champ dont il a la charge, il va sous un olivier et se met à réciter des invocations et à répéter inlassablement le nom de Dieu. Et, miracle, les bœufs attelés, se mettent à avancer sans que l'on ait besoin de les diriger. L'araire creuse la terre, évitant avec soin, les pierres qui font obstacle. Les sillons sont tracés de la meilleure façon, bien alignés. Dieu, dans sa Miséricorde, réalise ce prodige pour permettre à son serviteur de s'adonner à ses prières... Cependant, les gens, aveugles au miracle, ne voient que le saint, accroupi sous un olivier, et beaucoup pensent qu'il dort. On va avertir le propriétaire qui répond que le jeune homme fait toujours son travail. Il va, avec les hommes, voir ce que fait son métayer. De loin on aperçoit Sidi Ali M'barek, enveloppé dans son burnous, la tête baissée, comme s'il sommeillait. Il voit aussi que les bœufs travaillent à la place, sans qu'il les dirige. Le patron s'écrie : «Désormais, c'est moi qui suis ton serviteur et toi mon patron ! Tu n'es pas fait pour travailler dans les champs mais pour prêcher, pour appeler les gens à faire le bien !»