Le temps passe et les enfants de Sidi Badahmane grandissent. Un jour, l'un d'eux, Mulay Ezzine, lui demande l'autorisation de se rendre au ksar de Wazzan. — Tiens-toi sur tes gardes, lui dit son père, le désert est plein de gens sans foi, ni loi, qui guettent les voyageurs ! — Je ferai attention, père. Il selle sa jument Dahma, et prend, en guise de viatique, une outre d'eau. Il avance dans le désert quand un groupe de cavaliers vient vers lui. Il reconnaît des habitants du ksar de Imaghyaz, connu pour être le fief des impies. — Nous avons soif, lui disent-ils, or, nous voyons que tu transportes une outre pleine d'eau. Donne-nous-la ! Mulay Ezzine cabre sa jument. — Pourquoi voulez-vous me dépouiller de mon eau ? Vous n'êtes pas loin de chez vous, alors que moi, j'ai encore un long voyage à faire ! Les hommes s'emparent aussitôt de lui, l'égorgent, le découpent en morceaux et le mettent dans un sac qu'ils chargent sur la jument. — Va, ramène-le auprès des siens ! Dahma emporte son jeune maître et galope toute la nuit. A l'aube, elle arrive au lieu de résidence de Sidi Badahmane. Celui-ci venait de terminer la prière du matin et il sortait de la mosquée, quand il aperçoit la jument. — Pourquoi mon fils est-il revenu ?