Sidi Badahmane pensait d'abord s'arrêter chez les Aït Saïd où il a construit une forteresse, mais comme, selon la tradition, le ksar est majoritairement habité par des infidèles, Berbères païens et juifs, il finit par renoncer à s'y installer. Il vend sa forteresse à la tribu zénète des Igguzulen et va s'installer plus loin, à Tawriht, habité par les At Ba-Hajj, non loin de Charwin. Les gens sont plutôt accueillants et le saint homme aurait songé à demeurer chez eux. Un jour, alors qu'il lisait le Coran, un oiseau passe au-dessus de sa tête et lâche une fiente. La souillure n'a pas touché le saint, mais tombe devant lui. Le saint pose sur une pierre le Saint livre et, en colère, lève la tête au ciel. «Puisses-tu être foudroyé !» Aussitôt l'oiseau tombe du ciel, comme une pierre. Les gens présents reculent, effrayés. Certains, dominant leur peur, s'approchent de l'oiseau et disent : «Il est mort !» C'était là, à n'en pas douter, une preuve de la puissance du saint. Mais les gens de Tawriht prennent mal la chose. «Si ses injonctions sont capables de tuer un oiseau qui ne l'a même pas souillé, que ferait-il si l'un d'entre nous venait à le contrarier ?»