Résumé de la 2e partie n Gérard Lemoine tue Darling pour retrouver l'amour de sa femme... Nathalie serre nerveusement son mouchoir contre sa bouche. — Je ne comprends pas... Je l'avais enfermé dans la maison, j'en suis sûre. Gérard s'approche de sa femme, la prend dans ses bras... Miracle, elle se laisse faire... — Ma pauvre chérie ! Il va revenir... Et puis si jamais il ne revenait pas, je t'en offrirais un autre. Nathalie pleure doucement contre son épaule. Gérard Lemoine est bouleversé. Tout va recommencer comme avant. Il a sauvé leur couple, leur bonheur... Il doit faire un immense effort sur lui-même pour cacher sa joie. 13 septembre 1974, sept heures du matin... Gérard Lemoine se réveille. Pour lui, c'est l'aube d'une merveilleuse journée. C'est la première fois depuis des mois que Nathalie a accepté de ne pas faire chambre à part. Tout cela parce que la veille, il a tué son chien, le malheureux Darling. Oh, il ressent bien un peu de remords envers ce pauvre animal mais qu'est-ce que tout cela à côté du bonheur retrouvé ?... Et puis, dès demain il y aura un nouveau chien à la maison, celui qu'il va offrir à Nathalie. Voyons quelle race choisir, car ce sera un chien de race, bien sûr. Un cocker ? Un lévrier ? Non, plutôt un labrador... Darling ressemblait un peu à un labrador. Il va acheter un labrador noir... Nathalie ne pourra qu'être touchée. Un aboiement plaintif retentit à l'extérieur... Gérard Lemoine a un sursaut. Ce n'est pas vrai ! Il rêve ! Il ouvre la fenêtre... Non, il ne rêve pas : Darling est là, qui se traîne sur la pelouse, maculé de boue des pattes aux oreilles, poussant de petits gémissements. Nathalie elle aussi a entendu... Elle quitte la chambre en courant : — Darling ! Darling ! Gérard Lemoine retrouve tout à coup son sentiment de haine contre l'animal et son désespoir de voir sa femme lui échapper. Tout recommence comme avant ! Mais maintenant, ce n'est plus tolérable. Il a goûté un instant au bonheur d'autrefois, il y a cru. Et tout s'écroule à cause de ce maudit chien... Depuis la fenêtre, Gérard regarde sa femme s'affairer auprès de Darling avec des exclamations d'horreur... Rien ne sera possible tant que l'animal ne sera pas totalement rétabli. Nathalie ne le lâchera pas. Elle sera toujours là à le soigner, à le bichonner. La prochaine tentative ne pourra pas avoir lieu avant une quinzaine de jours... Gérard Lemoine passe en revue les divers moyens possibles... Refaire le coup de la fondrière, exclu : la confiance de Darling a ses limites. Pas possible non plus de le tirer comme un lapin : il n'y a pas d'arme à feu à la maison et en acheter une paraîtrait suspect. Gérard écarte avec un frisson la perspective du couteau : il ne pourrait jamais, il est trop sensible, ou trop lâche. Alors, les boulettes empoisonnées ? Oui, peut-être... A moins que... Le visage de Gérard Lemoine est traversé d'un sourire mauvais... Il vient d'avoir une idée radicale... Radicale et abominable... 29 septembre 1974. Ce jour-là, Gérard Lemoine, après être allé à sa banque pour annoncer qu'il était malade, rentre précipitamment chez lui. Il appelle le chien... Darling n'a gardé aucune trace du drame. Il a de nouveau le poil luisant. Il regarde son maître de ses grands yeux. — Allez viens Darling ! On a à faire tous les deux... Gérard Lemoine ne prend pas le chemin de la forêt. — Il se dirige vers une ancienne carrière abandonnée, à proximité du Loing. Il a déjà repéré l'endroit, d'accès difficile. Il y a des éboulements et personne n'ose s'y aventurer. Darling a retrouvé son plaisir de gambader. Il décrit des cercles autour de son maître pour l'encourager à courir avec lui. Dans sa main gauche, Gérard Lemoine tient la laisse du chien, dans sa main droite un objet qu'il vient de sortir de sa poche : un bâton de dynamite. Il s'est souvenu, il y a quinze jours, de cet explosif qu'avaient abandonné les entrepreneurs quand ils ont construit la villa. Avec cela, il n'y aura pas de troisième fois. On peut se sortir d'une fondrière, mais pas de l'explosion d'un bâton de dynamite... (à suivre...)