Résumé de la 2e partie n Gérard Rousseau et sa femme, toujours en conflit, crèvent un pneu. Oubliant sa rancœur, Agnés prend une lampe et un parapluie pour aider son mari... Agnès Rousseau, qui est restée sur la route à côté de la voiture, s'acquitte de son mieux de sa tâche. Son mari pousse un grognement et se relance à l'assaut du talus. Cette fois, il parvient à placer le cric. Se tenant de la main gauche, il tourne la manivelle avec la main droite jusqu'à ce qu'il tienne en place. Ensuite vient le plus difficile : dévisser les boulons de la roue qui n'est pas encore soulevée du sol. D'habitude, il place la clé à pipe sur le boulon et donne un vigoureux coup de pied. Impossible dans la position où se trouve la voiture. C'est d'en bas et à la main qu'il doit effectuer ce travail. Sous la pluie battante, Gérard Rousseau s'escrime tandis que sa femme le protège de son mieux en répétant à plusieurs reprises : — Mon pauvre chéri ! Ce qui contribue à l'énerver plus encore. Enfin, après dix minutes d'effort dans la boue, le dernier boulon cède. Gérard revient à la manivelle et la tourne vivement. Le côté droit de la 403 s'élève et la roue crevée tourne dans le vide. Il crie à sa femme : — Va me chercher la roue de secours ! Agnès disparaît dans la nuit. Gérard se retrouve seul dans l'obscurité et sous la pluie. Il entend un choc sourd à l'arrière, puis un autre. Qu'est-ce qu'elle fait ? Ah oui, c'est vrai. Elle est obligée d'enlever les valises pour prendre le pneu. Il devrait y aller lui-même, ça irait plus vite. Gérard Rousseau est sur le point de quitter son poste lorsque le drame se produit. Il y a un bruit de tonnerre et une souffrance atroce, puis une certitude, même s'il ne comprend pas encore ce qui s'est passé «Je vais mourir...» Agnès Rousseau met, elle aussi, quelques secondes pour comprendre. Elle a entendu le bruit de tonnerre et reste toute bête avec sa roue dans les bras. Puis elle la pose par terre et prend la lampe électrique. La voiture n'est plus là. Elle pousse un cri : — Gérard ! Effectivement, la voiture n'est plus là. L'averse vient de provoquer un glissement de terrain et elle se trouve à présent, le nez en avant, dans le fossé avec Gérard Rousseau en dessous. Horrifiée, Agnès Rousseau a sauté en contrebas et découvre le tragique spectacle dans la lumière tremblante de sa lampe de poche : Gérard est couché sur le dos, le pare-chocs sur sa poitrine. Il a les yeux fermés. Elle pousse un cri déchirant : il est mort ! Non, Gérard n'est pas mort. Il ouvre les yeux, la voit, lui parle. — Agnès, j'étouffe... Agnès ne répond pas. Elle agite fébrilement les mains, prise de panique. — Agnès, j'étouffe... Fais quelque chose ! Cette fois, Agnès Rousseau a retrouvé ses esprits. Elle lâche sa lampe de poche et agrippe à deux mains le dessous de la voiture du côté droit, là précisément où se trouvait le pneu crevé responsable de tout. Elle n'arrive qu'à s'écorcher les mains. Combien peut peser la voiture ? Une tonne peut-être. Elle a un gémissement désespéré ! — C'est trop dur ! Je ne peux pas ! A ses pieds, dans la boue, la voix de Gérard se fait de nouveau entendre. Elle est implorante et mourante. — Agnès, Agnès Faire quelque chose, n'importe quoi, sinon il sera trop tard. Chercher du secours. Oui, c'est cela chercher du secours. (à suivre...)