Violence n Il vide la bouteille puis appelle son fils aîné. Le jeune garçon arrive en tremblant. Le père n'a pas besoin de prétexte pour le battre. Quand il naît, en 1883 à Mülheim sur le Rhin, en Allemagne, Peter Kurten, ne semblait pas destiné à devenir un criminel : c'est un petit être faible auquel la sage-femme qui a délivré sa mère, a prédit une mort prochaine. «Il ne survivra pas, a-t-elle dit, ou, s'il vit, ce sera un enfant malingre !» La mère soupire. Après tout, même si cet enfant meurt, elle sait qu'elle le remplacera très vite : presque tous les ans, elle est enceinte et elle a déjà plusieurs enfants, et puis ce sera une bouche en moins à nourrir… Le père, bien sûr, n'est pas content d'avoir une bouche supplémentaire à nourrir. C'est à peine s'il jette un œil sur le berceau. «C'est un garçon», lui dit sa femme. Pour toute réponse, il hausse les épaules puis il va dans la cuisine, prend une bouteille de vin et se met à boire au goulot. Si Kurten père boit, ce n'est pas pour fêter la naissance de son fils, c'est parce qu'il vient de perdre son emploi… Il vide la bouteille puis appelle son fils aîné. Le jeune garçon arrive en tremblant. Le père n'a pas besoin de prétexte pour le battre. «Vaurien, graine de criminel…» L'enfant crie, se démène et finit par se sauver. La mère se bouche les oreilles pour ne pas entendre les cris du petit. Dans le berceau, le nouveau-né se met à vagir. L'homme se lève lourdement de sa chaise, sur laquelle il s'est affaissé et va dans la chambre de sa femme. «Fais-le taire, sinon je l'étrangle !» Il s'approche du berceau. La mère se lève, prend l'enfant dans ses bras et gagne la sortie. «C'est ça, va-t-en, mais pends avec toi ta vermine d'enfants…» Il veut retourner dans la cuisine, mais il tombe. Bientôt, il se met à ronfler, cuvant son vin, au milieu de vomissures… La mère va revenir, un peu plus tard. Si elle avait où aller, elle ne serait pas revenue dans cette maison qui est devenue, pour elle, un enfer. La famille est pauvre. Le père est ouvrier mais il est presque tout le temps au chômage et de surcroît, c'est un alcoolique invétéré. «Mon père, racontera plus tard Kurten, était d'une violence inouïe. Il n'y avait pas de jour où il n'entrait pas à la maison ivre et quand il était ivre, il battait ma mère et nous battait, mes douze frères et sœurs et moi.» Le jeune garçon sera particulièrement la cible des colères paternelles. «Un jour, raconte encore Kurten, il m'a pris par le col et m'a traîné jusqu'aux toilettes, il m'a mis la tête dans la fosse d'aisances et l'a maintenue ainsi un long moment jusqu'à ce que je m'évanouisse. En même temps, il me frappait avec un bâton, poussant de gros jurons, me traitant de tous les noms.» Mais le père n'est pas seulement violent, c'est aussi un être immoral. Il est grossier et, un soir qu'il est ivre, il viole une de ses filles. (à suivre...)