Résumé de la 2e partie n Kikine, au grand désespoir de Francine, sa maîtresse, disparaît. Reviendra-t-elle un jour ? Francine devra attendre de longs mois avant d'avoir la réponse. Tous les mois qu'elle va passer à l'hôpital puis tous ceux qu'elle passera en maison de convalescence et de rééducation. Après plus d'un an, Francine est enfin autorisée à regagner son petit pavillon. Heureusement pour elle, Francine avait l'habitude de séjourner au rez-de-chaussée. Heureusement pour elle, cuisine, salle de bains et toilettes sont aussi au rez-de-chaussée, car désormais... Francine est infirme. Elle sait maintenant comment circuler en chaise roulante. Elle parvient pourtant à se lever et, grâce à des béquilles, elle peut se mettre seusle au lit... Une personne vient chaque jour lui faire ses courses, son ménage et l'aider à sa toilette. Francine, à 36 ans, est invalide. Vraisemblablement sans espoir de guérison. A cette époque, la télévision est un luxe et Francine n'a même pas cette distraction. Alors elle écoute la radio tout en faisant du crochet. La vie semble devoir être monotone. — Ma pauvre Kikine ! Où es-tu à présent ? Si seulement je savais que tu es encore vivante... Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour que tu sois encore là ! Francine attrape une petite poupée de chiffon suspendue par un fil à la poignée de la salle à manger. C'était un des jouets qu'elle avait fabriqués pour Kikine. Elle se met à pleurer à chau-des larmes... — Reviens, Kikine ! Reviens, ne serait-ce qu'une seule fois ! Les chats comprennent-ils au-delà des mots ? Possèdent-ils un sixième sens qui nous échappe ? Francine est encore en train de serrer convulsivement la poupée de chiffon quand elle entend un miaulement plaintif : — Kikine ! C'est toi ? Où es-tu ? Francine saisit les roues de sa chaise et la fait pivoter pour savoir d'où vient le miaulement. L'a-t-elle réellement entendu ? Ne serait-ce pas une illusion auditive ? A l'hôpital, on l'a prévenue. Lors de l'accident elle a subi un traumatisme crânien très grave. Le professeur Guilledon s'est penché sur son lit pour la prévenir : «Il est possible que vous ayez des séquelles inattendues dans les années à venir. Ne vous inquiétez pas. Des sensations auditives bizarres...» Et voilà le miaulement qui recommence. Francine reconnaît la voix de sa chère Kikine : — Où es-tu ? Je t'entends ! Où es-tu ? Enfin, elle réalise que Kikine est bien là, perchée sur la fenêtre qui donne sur le jardin. Elle fait le dos rond et se frotte au montant de la fenêtre. Francine attrape ses béquilles pour se mettre debout afin d'atteindre l'espagnolette. Une idée folle lui traverse l'esprit : «Pourvu que ce ne soit pas un fantôme !» Mais non, c'est bien la Kikine. Elle est un peu amaigrie mais elle a l'air en bonne santé. Francine la serre entre ses bras — Ah, tu es là, vilaine gourgandine ! Tu vois ce qui est arrivé par ta faute ! Si je n'avais pas voulu traverser la route, je serais encore valide ! Tout ça parce que tu as sans doute voulu suivre un garnement de chat de gouttière. Et si ça se trouve, il t'a fait des petits qui errent dans la forêt loin de leur mère indigne... Par pudeur ou par discrétion, la Kikine s'abstient de répondre aux reproches de sa maîtresse. Eprouve-t-elle du regret ? Les amoureux des chats affirmeront que Kikine a tout compris. Il faut le croire puisque, ce soir-là, au lieu de regagner son paradis dans la forêt, la Kikine dort sagement sur le traversin de Francine, bien nichée au creux du cou de sa maîtresse. Désormais et pendant toutes les années à venir, jusqu'à ce qu'elle disparaisse à son tour, à l'âge de 17 ans, Kikine ne quittera plus le pavillon, sauf pour l'indispensable chasse aux souris dans le jardin.