Le bey al Debbah voulant honorer les Maâtkas, a décidé de faire construire un mausolée dans leur tribu. Mais les conseillers du bey lui disent : «La tribu que tu veux honorer n'a pas un seul saint mais plusieurs !» — Eh bien, dit le bey, prenez le plus important ! — Aux yeux des Kabyles, ils sont tous importants et si vous honorez le saint d'une fraction, l'autre fraction sera offensée et nous retirera son alliance. La chose est en effet délicate et le bey ne veut pas se mettre à dos des fractions de la tribu qu'il veut distinguer. Il réfléchit à la question et, selon la tradition, il finit par trouver une solution. Il réunit des représentants des différentes fractions de la tribu et leur fait part de son projet d'ériger une koubba à un saint de la région. «Comme je ne veux privilégier aucun saint, j'ai décidé de laisser les saints se manifester et déclarer qui, parmi eux, est le plus digne d'avoir une koubba.» Les représentants sont surpris par ces propos. Comment des saints morts depuis plusieurs générations, peuvent-ils se manifester ? Le Turc dévoile alors son plan : «Nous allons apporter de la viande et la couper en morceaux en fonction du nombre de saints qu'il y a dans la région. Nous attribuerons un morceau à chaque saint et nous mettrons la viande à cuire. Le saint dont la viande n'aura pas cuit sera celui qui se sera manifesté. Et la koubba lui reviendra !»