Résumé de la 1re partie n Le père, avant de mourir, demande à ses enfants de veiller sur sa tombe trois nuits de suite... A bout de patience, les frères dirent : «Bon, ça va, l'Idiot, on te laisse la rosse à trois jambes !» Et ils partirent. A son tour, Ivan s'en fut à cheval par la vaste plaine, par la steppe sans fin. Une fois là, il sauta à bas de la rosse, l'égorgea, lui arracha la peau, qu'il suspendit à une haie, et jeta la chair. Puis, il cria, il siffla d'une voix tonnante : Cheval brun, cheval bai, Coursier sage et avisé, Surgis soudain devant moi, Comme sur l'herbe la feuille des bois ! Sivka-Bourka court, sous ses sabots la terre tremble, de ses yeux jaillissent les flammes, de ses naseaux s'échappe la fumée. Ivan entra par une oreille, but et mangea, ressortit par l'autre, tout habillé et si beau, si vaillant que ses frères eux-mêmes ne l'auraient reconnu. Il enfourcha le cheval et galopa sus au portrait. Il y avait là un monde fou. On se retourne sur le vaillant gaillard, on s'écarte. D'un bond, Ivan traverse la place, d'un autre bond son cheval passe à une tête sous le portrait. En un éclair il avait disparu. Ivan laissa le cheval, rentra à pied à la maison et remonta sur son poêle. Les aînés ne tardèrent pas à arriver. Les voilà qui racontent à leurs femmes : «Si vous saviez, les femmes, quel vaillant gaillard s'est présenté, un fier luron comme jamais il n'en fut! Il est passé à une tête du portrait et a filé comme une flèche ! Mais il reviendra...» La voix d'Ivan descend du poêle : «Frères, est-ce que ce n'était pas moi par hasard ? — Toi? Ah ! la bonne blague ! Toi qui n'es bon qu'à rester sur le poêle à te moucher le nez !» A quelque temps de là, le tsar lança à nouveau le même appel ; à nouveau, les aînés s'équipèrent. Ivan dit : «Frères, donnez-moi un cheval !» Eux de répondre : «Tu vas encore nous crever un cheval, l'Idiot ! Reste donc à la maison.» En vain. Ils ne purent se défaire de lui et durent lui abandonner la jument bancale. Ivan la monta, l'égorgea, suspendit sa peau à la haie et jeta la chair. Puis, il cria, il siffla d'une voix tonnante : Cheval brun, cheval bai, Coursier sage et avisé, Surgis soudain devant moi Comme sur l'herbe la feuille des bois ! Cheval bai court, sous ses sabots la terre tremble, de ses yeux jaillissent les flammes, de ses naseaux s'échappe la fumée. Ivan entra par l'oreille droite, se changea, ressortit par l'oreille gauche tout beau tout fringant, sauta en selle, courut bride abattue. Il passa à une demi-tête du portrait et disparut dans l'instant. Alors, relâchant Cheval bai, il rentra seul à la maison et reprit sa place sur le poêle. A leur retour, les aînés annoncèrent : «Eh bien, les femmes, on l'a revu, le vaillant gaillard, il est passé à une demi-tête du portrait, cette fois !» La voix d'Ivan tomba :«Frères, est-ce que ce n'était pas moi ? - Allons, l'Idiot, ne te raconte pas d'histoires !» (à suivre...)