Interrogation L?affaire révélée il y a quelques jours prend de l?ampleur sans que l?on sache où est la part de vérité et de manipulation. Y a-t-il eu vraiment effraction dans le bureau où ont été déposés les formulaires présentés par Ahmed Taleb Ibrahimi au Conseil constitutionnel ? Pour le président de Wafa, le parti que le département de Zerhouni refuse d?agréer, il n?y a pas de fumée sans feu. «Cela ne fait que renforcer ma conviction que la décision prise par le Conseil constitutionnel de rejeter le dossier de ma candidature est politique», a-t-il déclaré, hier, dimanche, au cours d?une conférence de presse au siège de sa permanence. Avant d?ajouter : «Quand le troisième homme de l?Etat, en l?occurrence Karim Younès, le président de l?APN, déclare que des formulaires de mon dossier ont été subtilisés, cela veut dire que les informations parues dans la presse à ce propos ne sont pas dénuées de fondement, d?autant plus qu?elles n?ont pas été démenties par le Conseil constitutionnel.» Toutefois, quelques heures seulement après cette déclaration, Karim Younès rendait public un communiqué dans lequel il a tenu à démentir les propos qui lui ont été attribués par certains titres de la presse nationale au sujet de ce que Taleb qualifie de «scandale du Conseil constitutionnel». «Une controverse m?impute des "révélations" qui n?ont pour sources que les informations déjà publiées par la presse nationale, non démenties, et que j?ai commentées dans un discours de militant avec toutes les réserves d?usage (?) J?ai prudemment relevé que si l?information qui a été rapportée sur la subtilisation, après leur dépôt, de formulaires de souscription d?un candidat venait à se confirmer, cela serait un précédent grave», a noté le président de l?APN dans son communiqué. Le principal mis en cause dans cette «affaire», à savoir le Conseil constitutionnel, a réagi, pour sa part, hier, par le biais de son président, Mohamed Bédjaoui. Dans un entretien accordé à notre confrère L?Expression, ce dernier a notamment souligné : «Il n?y a jamais eu d?effraction au Palais des nations durant toute notre présence sur les lieux. Les scellés ont toujours été tenus. Il y a toujours eu des procès-verbaux chaque fois qu?on lève les scellés pour prendre les cartons des candidats.» Même si les candidats recalés n?ont aucun recours possible en droit et d?après la Constitution, le président du Conseil constitutionnel se dit prêt «personnellement à ouvrir tous les dossiers qu?on voudra à tous ceux qui ne sont pas satisfaits pour qu?ils puissent se convaincre du travail accompli par les magistrats». Toutefois, ce démenti ne semble pas à même de convaincre Taleb, qui a invité, hier, les membres du Conseil constitutionnel soit à démentir les informations parues dans la presse en prêtant serment devant le peuple, soit à présenter leur démission, comme il a appelé à la constitution d?une commission d?enquête indépendante qui aura à faire toute la lumière sur cette «affaire».