Constat A l?approche de la présidentielle de 2004, une nouvelle catégorie de candidats est en passe de voir le jour. Dénominateur commun : ils ne développent pas un argumentaire axé sur leurs propres chances de remporter les élections comme on aurait pu s?y attendre en pareille occasion. Contre toute attente, chacun motive sa décision de participer en évoquant des raisons qui lui sont propres. Au-delà des objectifs que se sont assignés les uns et les autres, ces candidats à la non-candidature ne prétendent aucunement remporter les élections. Même si nous paraissons forcer un peu sur le trait, disons que ces candidats ont l?honnêteté d?anticiper leur échec et du coup préparer l?opinion aux résultats qu?ils vont, par la suite, contester. A n?en pas douter, Louisa Hanoune, la première femme à se présenter en Algérie à l?élection présidentielle, est l?un des responsables politiques qui personnifient le mieux ce type de candidat. A l?instar des Hamrouche, Sifi, Benyellès et Benbitour, la porte-parole du Parti des travailleurs continue de croire que la présidentielle d?avril 2004 ne sera pas crédible. On sent du reste que ce n?est pas de gaieté de c?ur qu?elle a décidé de descendre dans la «fosse aux lions». «La souveraineté populaire ne se concrétisera pas lors du prochain scrutin», a-t-elle martelé (Liberté du 21 février) laissant entendre que le rendez-vous électoral sera entaché de fraude. Mais si les prétendants au trône ayant pris part au groupe des dix ont préféré jeter l?éponge pour ne pas servir, disent-ils, de faire-valoir d?une élection dont les résultas sont connus d?avance, Louisa Hanoune entend, quant à elle, clairement assumer son rôle de figurante. «Indépendamment de la nature du scrutin, il faut sauver le peuple algérien», a-t-elle dit pour justifier sa participation. «L?Algérie est menacée et est en danger. Le prochain scrutin ne réglera en rien les problèmes profonds du pays», a-t-elle encore ajouté. Saïd Sadi, lui, semble défendre une position diamétralement opposée en préconisant une participation en vue de combattre le trucage des urnes qu?il pressent massif. «Le seul moyen de susciter l?espoir est de se battre dans cette élection en sachant bien que la fraude est programmée.» (Liberté du 24 février). Pour ainsi dire, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie semble moins animé par le souci de gagner que d?«échapper à une fraude mortelle et arrêter ce coup d?Etat électoral» qui permettra la réélection de Bouteflika. Pour atteindre ce but, Saïd Sadi se dit même prêt à nouer une alliance avec son ennemi juré, le président d?El-Islah Abdallah Djaballah, l?unique candidat de la mouvance islamiste en lice. Il propose un système de surveillance unifié dans les bureaux de vote.