Précaution n Les familles commencent à se serrer la ceinture quelques mois déjà avant le ramadan pour arriver à faire face, tant bien que mal, aux grosses dépenses. C'est devenu une «constante» dans notre société. Le marché devient l'«ennemi» redouté de nombreux ménages durant le ramadan. Des pères de famille évitent les vendeurs de fruits et légumes en raison des prix pratiqués qui subissent souvent une hausse vertigineuse. Pour remplir un couffin de tous les produits nécessaires, il faudrait sacrifier presque la moitié du Snmg. Ce qui reste inexplicable, et par-dessus tout impardonnable aux yeux de nombreux citoyens interrogés, est l'absence de tout contrôle des autorités concernées face aux manœuvres malhonnêtes des spéculateurs. Il paraît, en effet, inconcevable de voir les prix doubler juste à quelques jours du début du mois sacré sans aucune explication convaincante et au mépris de tout ce qu'un tel chamboulement peut induire. Les préparatifs commencent près d'un mois avant le ramadan pour la plupart des familles, contraintes alors de serrer la ceinture pour faire face aux dépenses. Cette année, la situation sera encore plus difficile, car le mois de ramadan sera suivi de la rentrée scolaire. Les ménages doivent alors faire des calculs pour réussir ces deux épreuves. «Déjà en juin et juillet, nous devrons faire face aux nombreuses fêtes auxquelles nous sommes invités ; on doit acheter des cadeaux. Ensuite, ce sera le mois de ramadan caractérisé par la hausse des prix. Et il faudra penser également à la rentrée scolaire… Franchement, ce sera très dur à supporter cette année…», estime Mokrane, fonctionnaire dans une administration publique à Alger. Cette appréhension est partagée par la plupart des citoyens qui sentent déjà la «lourde mission» qui les attend, notamment ceux qui ont des familles nombreuses à charge. Les promesses des pouvoirs publics ne semblent pas rassurer les citoyens qui se sont habitués à ce genre de discours qui ne sont généralement pas suivis d'actions sur le terrain. «Là, on ne s'attend à rien de la part des responsables. Chacun se prépare selon ses moyens, car les commerçants imposent leur diktat aux pauvres citoyens. Les lois de régulation du marché n'ont jamais été appliquées. D'ailleurs, je ne veux plus entendre les responsables parler de cet aspect… Le marché est malheureusement devenu une jungle au détriment des petites bourses…», regrette Abdelkader, la cinquantaine, employé dans une entreprise publique à Rouiba. Cette année, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) a été chargé d'importer des légumes secs et d'en réguler les prix. L'Office national interprofessionnel du lait (Onil) est, lui aussi, chargé de stocker 30 000 tonnes de poudre de lait, en prévision du ramadan. L'objectif est de faire face à la spéculation, mais également d'éviter la pénurie des produits de large consommation. La hausse des prix et la fragilité des bourses de l'écrasante majorité des citoyens ont dénaturé, sans nul doute, le mois sacré de ramadan et l'ont vidé de sa spiritualité. La plupart des gens ne pensent qu'à la consommation et au côté festif…