Cause n L'intervention de l'Etat, selon M. Medjber, participe à attiser la spéculation qui augmente la marge bénéficiaire des marchands détaillants. La marge bénéficiaire nette montre quel bénéfice après impôt (bénéfice net) dégage chaque dinar de chiffre d'affaires. Celle-ci peut atteindre 200% voire 300% sur certains produits, selon le président des mandataires qui a manifesté sa conviction quant à l'échec de la guerre menée par les autorités pour régler le problème. Pour étayer ses propos, il nous donne l'exemple de l'intervention de l'Etat en stockant certains produits pour, semble-t-il, inonder le marché durant le ramadan, mais «qui n'ont apporté aucune solution, au contraire, cela n'a fait que compliquer les choses». «Voyez ce qui s'est passé avec le poulet ! L'Etat en a stocké plus de 2 000, alors que son prix ne dépassait pas 180 DA/kg. A présent, il se vend à 300, voire 400 DA/kg dans certains marchés», se désole-t-il. Idem pour ce qui est des fruits et légumes. M. Medjber estime qu'«à chaque fois que l'Etat intervient, il y a fraude». Il explique que la mesure d'urgence concernant les fruits et légumes, à savoir le plafonnement des prix, ne fera qu'encourager la spéculation qui fera naître les marchés parallèles. En sillonnant le souk, nous avons noté un manque dans l'offre de la pomme de terre, un produit pourtant de large consommation dans notre pays et dont le prix demeure élevé (45 à 50 DA) sur certains marchés de détail. Notre interlocuteur nous dira à ce propos, en haussant les épaules : «Voilà un autre exemple de la contribution du gouvernement dans la spéculation.» Selon lui, le stockage de ce tubercule afin d'assurer suffisamment l'offre durant le mois sacré n'a guère été bénéfique. «L'année dernière, nous l'avons refusé, car les mauvaises conditions de son stockage en ont fait un produit impropre à la consommation», a-t-il précisé. Quant aux prix appliqués aux marchés de détail, un autre mandataire avoue qu'il ne reconnaît pas sa marchandise vendue le matin au marché des Eucalyptus. «En faisant un tour dans le marché de détail pour acheter un produit que je préfère acheter quotidiennement en petite quantité, je me demande si les fruits et légumes étalés ne seraient pas importés !», ironise aâmi Mohamed qui se demande comment ces commerçants ont pu se permettre des bénéfices allant jusqu'à 200%, voire 300% sur certains produits que pourtant toute la population devait se permettre. A ce sujet, M. Medjber estime que «la libéralisation des prix que tolèrent les autorités publiques nous a menés vers un marché géré par des cartels, devenus de plus en plus puissants». Il regrette que ce soit la loi de la jungle qui régisse le marché du détail, alors qu'au niveau du marché de gros, «nous disposons de factures sur lesquelles sont clairement affichés les prix des fruits et légumes avec notre commission qui est de 6% pour les fruits et de 8% pour les légumes». Et de souligner que cette situation ne peut que fragiliser l'agriculteur, le grand perdant après le citoyen qui, lui, paye un lourd tribut. l Selon le président de l'association des mandataires, l'intervention de l'Etat en stockant certains produits a fait augmenter leurs prix. Des prix qui n'ont donc pas baissé malgré une abondance des produits et la baisse de leurs prix aux marchés de gros. Un paradoxe que les mandataires expliquent par l'attitude des commerçants détaillants qui cherchent le gain facile et rapide et gardent leur marge bénéficiaire au plus haut niveau, malgré la disponibilité de la marchandise. «Les marchands détaillants achètent de petites quantités pour simuler la pénurie à leur niveau et garder une plus large marge bénéficiaire. Du coup, la marchandise qui parvient ici ne trouve pas preneur même à des prix très abordables, ce qui nous oblige, en fin de matinée, à la jeter puisqu'elle ne peut être gardée pour le lendemain».