Résumé de la 1re partie n Olivia découvre Margaret effondrée sur le parquet. Sa chemise est couverte de sang… Margaret est incapable de répondre. Elle se contente de continuer à gémir et à sangloter comme une bête blessée. Olivia demande : — Etes-vous blessée ? C'est Ronald qui vous a fait ça ? Le gémissement de la mère continue. Olivia lui enlève le bébé des bras et Margaret se laisse tomber, le front contre le plancher. Olivia réalise que Ronald Junior est à l'agonie. Aucun médecin au monde ne serait capable de maintenir en vie la pauvre créature qui respire à peine et dont la bouche laisse apparaître de grosses bulles sanglantes. Soudain, Olivia sursaute. Ronald, le malheureux père, vient de surgir sur le seuil de la chambre. Il titube et ses mains sanglantes laissent des traces sur le chambranle de la porte. Olivia lui ordonne : — Allez vite chercher le docteur Homer ! Le docteur Homer, réveillé lui aussi, apprend de la bouche de Ronald qu'il vient de tuer son bébé. Il enfile son pantalon, sa redingote, chausse ses bottes et saisit sa trousse, ne sachant ce qu'il faut croire. Arrivé sur les lieux du drame, il constate que le petit Ronald, qu'Olivia a déposé sur une couverture, n'a plus que quelques instants à vivre. Le crâne est enfoncé comme si on l'avait frappé violemment contre un mur ou sur le plancher. Plugging, en larmes, dit : — J'ai fait un cauchemar, j'ai cru que mon pauvre ange, mon petit Ronald, était le cheval blanc. Le cheval blanc ? Quel cheval blanc ? C'est le procès qui le dira... Plugging, une fois la police prévenue, est promptement emmené jusqu'au poste et enfermé à double tour dans une cellule comme tout bon assassin. Ses larmes ne font rien à l'affaire. D'ailleurs, il ne pleure pas pour qu'on l'élargisse mais il pleure avec sincérité sur la mort de son enfant et sur le chagrin de son épouse Margaret. Pour l'instant le sort réservé à Ronald Plugging est encore plus qu'incertain : le président du tribunal, à cette époque de férocité judiciaire, a la réputation d'avoir la main lourde. Quelques accusés qui sont passés entre ses mains avant le cas Plugging se sont retrouvés condamnés à plusieurs années de travaux forcés pour des peccadilles aussi légères que le vol de trois chaînes de montre sous l'emprise de l'alcool. De même pour un autre grand criminel coupable d'avoir dérobé quelques pièces de ferrailles sur un bateau en radoub. Beaucoup parmi ceux qui assistent au procès Pluggin pensent qu'un nœud de chanvre va bientôt enserrer le cou du malheureux Ronald. La lecture de l'acte d'accusation, dans sa froideur technique, fait passer un frisson dans l'assistance : — Accusé d'avoir traîtreusement et férocement attaqué l'enfant Ronald Junior, âgé de 18 mois, de l'avoir saisi violemment et de l'avoir jeté ou poussé à plusieurs reprises contre la porte ou le mur ou le sol de la chambre où il reposait, de lui avoir fracturé le crâne, de lui avoir défoncé le cerveau jusqu'à provoquer la mort. Accusé d'avoir été seul responsable de ces actes inqualifiables... Au fond du box des accusés, le malheureux Ronald Plugging, blême et tremblant, essaye de répondre d'une voix blanche et pratiquement inaudible. Les différents rangs de spectateurs se mettent à bourdonner, chacun répétant à son voisin les paroles que l'accusé vient de prononcer : — Je ne suis pas coupable. Je suis coupable dans mon sommeil, mais innocent dans mes intentions profondes. Au cours du procès, on comprend un peu mieux la personnalité et les antécédents de l'infanticide. Son père, qui lui aussi se prénomme Ronald, déclare tout net : — Ronald, mon fils, est un bon garçon et il s'est toujours comporté en bon mari et en bon père, mais dans son enfance il a eu des problèmes... (à suivre...)