Résumé de la 3e partie n Le père raconte que Ronald a le sentiment d'être persécuté. Cela créait chez lui une sorte d'abêtissement… Selon lui, l'étalon brisait le mobilier et menaçait de tuer toute la famille, moi inclus. — Y a-t-il une quelconque réalité dans cette histoire d'étalon ? — Ronald n'avait encore qu'une dizaine d'années quand il a voulu rendre visite à un étalon qui se trouvait dans une écurie voisine. Mais l'animal, magnifique, était trop nerveux et quand il a vu Ronald il s'est cabré. Ronald a manqué d'être tué. L'animal le frappait à grands coups de sabots en écumant, les naseaux frémissants, les yeux brillants comme un fou. Ronald, depuis ce jour-là, n'a plus été capable d'approcher un cheval, même les paisibles percherons qui tirent les diligences. En entendant l'évocation de l'étalon fou qui voulait le tuer, l'accusé se lève d'un bond dans son box : — L'étalon ! C'est lui ! C'est l'étalon que j'ai vu cette nuit dans mon rêve. Avec sa bouche dégoulinante d'écume et ses yeux fous. Il voulait me tuer, alors je l'ai saisi par les naseaux et je lui ai frappé la tête contre le mur, aussi fort que j'ai pu, jusqu'à ce que le sang jaillisse de ses blessures. L'étalon fou ! C'est lui qui m'a attaqué ! En criant Ronald mime le geste de saisir les naseaux de l'étalon, mais sa mimique transporte d'horreur la foule présente : ce qu'elle voit ce n'est pas un homme aux prises avec un grand étalon en furie : les gestes de Ronald sont ceux d'un homme qui fracasse le crâné d'un bébé de 18 mois contre le mur, sur une table et même sur le sol. Il est évident que Ronald Plugging, assassin somnambule, est la victime d'impressions si fortes - nées d'incidents réels - qu'il passe à l'acte dans un réflexe de défense aveugle et meurtrière. Il s'ensuit de longues discussions d'experts pour savoir si Ronald Plugging est un fou justiciable de l'asile d'aliénés pour le restant de ses jours ou bien un criminel infanticide justiciable de la pendaison. Les témoins cités se montrent tous favorables à l'accusé. Tous sauf une, sa belle-mère, mère de Margaret et grand-mère du bébé assassiné : — Je suis venue une fois pour rendre visite à ma fille et à mon gendre et j'ai eu la peur de ma vie. Cette nuit-là, il a rêvé qu'un chien fou dévastait la maison et il s'est jeté dans un de ces combats qui m'a glacé le sang. Le lendemain, je suis repartie chez moi. — Quand l'avez-vous vu pour la dernière fois avant le drame ? — Ma fille et lui sont venus me rendre visite la veille du drame. Ils m'ont donné l'image d'une famille heureuse et très unie, comme à l'accoutumée. — Votre gendre aurait-il bu de l'alcool ce jour-là ? La belle-mère, avec beaucoup d'honnêteté, proteste : — En aucun cas, mon gendre ne buvait pratiquement jamais. — Pensez-vous que votre gendre soit fou ? — Le moins que je puisse dire c'est qu'il est pour le moins... bizarre. (à suivre...)