Le Conseil de sécurité de l'ONU a donné son feu vert pour chasser le président Charles Taylor du Liberia. Devant cette situation, taylor a annoncé son départ officiel du pouvoir pour ce 11 août. La force d'interposition africaine peut maintenant se diriger sur Monrovia pour essayer d'y mettre de l'ordre et, surtout, arrêter immédiatement l'effusion de sang. Sa mission et ses prérogatives ont été passé en revue la semaine dernière à Accra (Ghana), lors d'une rencontre, qualifiée de “dernière chance”, entre représentants de la communauté économique de l'Afrique de l'ouest (Cedeao), de l'Onu et des Etats-Unis. Composée, pour l'essentiel, de supplétifs nigérians, le contingent africain bénéficiera de l'appui de forces de l'us navy, en rade dans les eaux du port de Monrovia. Fortement sollicité par de nombreux chefs d'Etat africains, Bush, a en effet, consenti à un “soutien à distance”. Pour lui, il n'est pas question de prendre le risque de voir se reproduire cette effroyable image de Gi's lynché, en live, à Mogadiscio (Somalie), par des groupuscules se mouvant en électrons libres et armés de bric et de broc. Bush va solliciter en 2004 ses compatriotes pour un second mandat. La campagne électorale, qui commence en automne, se présente pour lui assez ardue. Les développements inopinés de l'après-guerre à Bagdad et à Kaboul, et la situation de récession économique aux Etats-Unis ont fait diminuer sa cote de popularité. Bush doit ainsi éviter une autre affaire dont se saisirait avec délectation la presse américaine qui ne lui pardonne pas d'avoir menti délibérément sur les causes de son intervention en Irak, estimant aujourd'hui être libérée de l'obligation de réserves qu'elle s'était imposée durant la seconde guerre du Golfe. En outre, le locataire de la Maison-Blanche doit également faire preuve de doigté face à des démocrates qui ont hâte de lui succéder et pour lesquels, maintenant que la guerre est finie, tous les coups sont permis. Ceci dit, Bush intervient au Liberia pour deux raisons. Premièrement, et il l'a bien mis en valeur lors de son périple africain : les Etats-Unis réinvestissent l'Afrique pour éviter que ne s'installe dans le continent tourmenté un foyer de terrorisme. En second lieu, les américains estiment qu'ils ont une lourde responsabilité dans ce pays qu'ils ont pratiquement créé en 1821 en y installant des esclaves affranchis arrachés auparavant de l'Afrique. D'ailleurs, dans le conflit libérien, la question de ces affranchis a été le détonateur de la crise. Le pouvoir dans cette “Amérique” de l'Afrique était monopolisé par les descendants de ces affranchis jusqu'en 1980, date à laquelle un sergent, libérien de souche, Samuel M. Doe, a pris le pouvoir en assassinat le président et son gouvernement. C'est le début de la crise entre descendants d'affranchis et ethnies locales qui se termine dans la terreur avec la venue de Charles Taylor, un afro-américain qui déclare la guerre au libériens de souche. En 1997, il se fait élire président au prix de 200 000 morts et de 2,5 millions de réfugiées en Côte d'Ivoire, en Guinée et au Sierra Leone. La question s'étend à ces pays d'où le soutien qu'ils apportent à la rébellion contre Taylor : le Lurd et le Model. Chef de guerre plus que chef de gouvernement, Taylor est condamné par l'ONU qui a lancé contre lui un mandat d'arrêt international. Il aurait bien voulu accepter l'asile au Nigeria mais à la condition que l'ONU renonce à lui demander des comptes. Il n'a pas obtenu gain de cause car il est accusé de crimes contre l'humanité. Le Nigeria, qui se voit reconnaître la fonction de “pompier” dans le contient, doit donc aujourd'hui aller le cueillir sur place à Monrovia. La facture sera certainement alourdie. Ce seront encore les populations civiles qui en paieront le prix, mais, au moins, les dictateurs africains sauront que, désormais, même retranchés chez eux, ils ne sont plus à l'abri. Dans cette question, l'UA (union africaine) aura brillé par son absence. Elle qui avait juré de faire de la bonne gouvernance son sacerdoce. D. B.