Résumé de la 9e partie n Greenholz, se souvenant des lettres dictées à Victoria, comprit que la sagesse lui commandait la prudence. Il reprit le certificat, le déchira et en composa un autre.. II répéta le nom deux fois, puis fit la moue. — Ça ne va pas bien ensemble... — C'est bien mon avis ! déclara Victoria avec chaleur, Jenny but beaucoup mieux. Jenny Jones ce serait très bien ! Avec Victoria, il faut un nom de famille un peu compliqué. Victoria Sackville-West, c'est parfait ! Avec ça, on se gargarise. Victoria Jones, c'est pas ça ! — Vous pourriez essayer un autre prénom... — Bedford Jones... — Carisbrooke Jones… — Saint-Clair Joncs... — Lonadale Jones... Le jeu pouvait me prolonger longtemps, mais ayant consulté sa montre le jeune homme sacra horriblement avant de dire : — Il faut que j'aille retrouver mon bien-aimé patron... Pas vous ? — Je suis chômeuse. J'ai été fichue à la porte ce matin. — Oh ! je suis navré. II avait dit cela avec l'accent de la sincérité. — Vous auriez bien tort ! répondit-elle. Mol, j'ai très bien pris ça. Primo parce que je me recaserai vite et secundo parce que j'ai tout de même bien ri ! Elle lui expliqua pourquoi, ce qui l'amena à reprendre pour le seul bénéfice de son interlocuteur, son imitation de Mrs Greenholz. Edward rit beaucoup, et quand elle eut terminé elle déclara avec conviction qu'il était vraiment dommage qu'elle ne fît pas de théâtre. Elle accepta le compliment avec un sourire reconnaissant puis fit remarquer à son nouvel ami que l'heure tournait et qu'il risquait fort, s'il s'attardait encore, de se trouver lui aussi «sur le sable» avant qu'il ne fût longtemps. — Très juste ! dit-il. Et j'aurais plus de mal que vous à dégoter quelque chose ! Avec une pointe d'envie, il ajouta : — Ce doit être épatant d'être une bonne sténo-dactylo ! — A vrai dire, je ne suis pas une bonne sténo-dactylo. Heureusement, aujourd'hui les plus mauvaises se casent facilement. Elles sont peut-être moins bien payées que les autres mais elles s'en tirent et c'est le principal ! Et vous, qu'est-ce que vous faites ? Je parie que vous avez fait la guerre et que vous étiez dans la R.A.F. ! — Vous avez gagné ! — Pilote de chasse ? — Exactement. A ma démobilisation, on m'a procuré un emploi… Seulement, on ne s'est pas trop demandé s'il était fait pour moi ! Dans la R. A.F., il n'y avait pas tellement besoin d'être intelligent... Tandis que là... des dossiers, des chiffres... Bref, ça n'a collé qu'à moitié, et total et conclusion j'ai découvert qu'en fin de compte je n'étais bon à rien. Victoria ouvrit la bouche pour protester. Il poursuivit : — Je ne suis plus dans le coup, quoi ! Pendant la guerre, ça allait ! J'avais un truc qui me convenait et je me défendais pas trop mal... On m'a même donné la D. F. C. (1)... Mais, maintenant, c'est fichu ! Je suis, comme qui dirait, lessivé. (à suivre...)