Résumé de la 44e partie n Neville voulut s'avancer vers sa femme, mais elle se tourna vers Ted Latimer qu'elle invita à danser… Mary hasarda quelques remarques banales auxquelles Mr Treves ne répondit pas. Jusque-là, pourtant, il n'avait donné aucun signe de surdité, et avait fait preuve d'une courtoisie pointilleuse. Elle comprit qu'il s'était si complètement absorbé dans ses réflexions qu'il s'isolait du monde. Elle n'arrivait même pas à déterminer s'il regardait les danseurs ou bien si, à travers la pièce, il scrutait Thomas Royde, solitaire. Avec un petit sursaut, Mr Treves lâcha enfin : — Pardonnez-moi, chère mademoiselle. Vous disiez ?... — Rien. Sauf que nous avions un mois de septembre exceptionnel. — Oui, en effet... On m'a dit à mon hôtel qu'il y a même des endroits où l'on aurait bien besoin d'un peu de pluie. — Vous y êtes confortablement installé, j'espère ? — Oh oui. Encore que, je dois l'avouer, j'ai été assez déçu à mon arrivée quand j'ai découvert que... Il se tut. Audrey s'était dégagée des bras de Neville. Elle souffla, dans un rire d'excuse : — Il fait décidément trop chaud pour danser. Par la porte-fenêtre ouverte, elle passa sur la terrasse. — Mais vas-y, suis-la, espèce d'empoté, murmura Mary. Elle aurait voulu garder cela pour elle, mais elle avait parlé assez fort pour que Mr Treves l'entende et la fixe, surpris. Elle rougit, puis rit, embarrassée. — Voilà que je me mets à penser tout haut ! Mais réellement, il m'exaspère. Il est si lent. — Mr Strange ? — Oh non, pas Neville. Thomas Royde. Thomas s'apprêtait à bouger. Mais déjà Neville, après un instant, était parti rejoindre Audrey. Pendant un moment, Mr Treves, intéressé, laissa son regard errer par-delà la porte-fenêtre, puis il porta à nouveau son attention sur le couple qui dansait. — Merveilleux danseur, ce jeune Mr... Latimer, m'avez-vous dit ? — Oui, Edward Latimer. — C'est ça, Edward Latimer. Un vieil ami de Mrs Strange, si je comprends bien ? — Oui. — Et de quels moyens d'existence dispose ce jeune homme si décoratif ? — En réalité, je n'en sais rien. Tiens donc. Mr Treves était parvenu à glisser bien des sous-entendus dans ces deux mots. — Il est descendu à l'Easterhead Bay Hôtel, reprit-elle. — C'est magnifiquement situé. Perdu dans ses pensées, il observa un moment de silence, puis son intonation se fit rêveuse : — Un crâne d'une forme très intéressante... L'occiput présente un angle étonnant... Sa coupe de cheveux le rend moins apparent, mais il est tout à fait inhabituel. Après un nouveau silence, son ton devint plus rêveur encore : — Le dernier homme à qui j'ai vu un crâne de ce genre a été condamné à dix ans de travaux forcés pour une sauvage attaque à main armée contre un bijoutier âgé. (à suivre...)