Douleurs n Les malades atteints de cancer vivent une situation des plus insoutenables depuis quelques mois. Les discours flatteurs des responsables du secteur n'ont rien apporté de positif… Une grave rupture de stocks de médicaments indispensables pour les séances de chimiothérapie oblige les cancéreux, venus de différentes régions du pays, à rebrousser chemin, déçus. Ce problème a été soulevé il y a quelques mois, mais la situation s'est aggravée ces dernières semaines. Les assurances récentes du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, quant à la disponibilité et en quantités suffisantes de tous les médicaments pour cancéreux ont vite été démenties par la réalité du terrain. Au centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC), des malades rencontrent d'énormes difficultés à bénéficier d'une dose afin de soulager leur douleur. Pourtant, le cancéreux ne peut attendre longtemps avant d'être soigné. Ce manque de médicaments peut causer la mort de plusieurs patients, si cette situation perdure, ne cessent d'avertir les associations d'aide aux cancéreux depuis près de six mois. Un appel qui attend toujours une oreille attentive de la part des autorités compétentes. Des malades rencontrés au CPMC estiment qu'ils ont été «abandonnés par l'Etat», affichant une immense déception face au manque de médicaments. Plusieurs d'entre eux, arrivés des wilayas de l'intérieur du pays, passent des journées complètes au CPMC pour… ensuite rentrer bredouilles. Certains sont contraints de passer la nuit à la belle étoile afin de tenter leur chance le lendemain. Dans la salle d'attente, un seul souci occupe les esprits : a-t-on réellement ramené les médicaments ? Les rumeurs qui circulent sont-elles fondées ? Les accompagnateurs des malades se confient leur calvaire, quant au frais de transport et d'hébergement à Alger. «Pourquoi cette maudite maladie ne choisit-elle que les pauvres ?», s'interroge désespéré un homme à l'accent oranais, visiblement éprouvé par la maladie de sa femme. La tristesse, la misère et le désespoir se lisent sur les visages. Les infirmiers et médecins n'arrivent pas à convaincre les malades du manque de médicaments. «Des scènes de violence sont enregistrées quotidiennement au CPMC. Nous sommes pris pour responsables de cette situation dramatique, alors que nous ne pouvons rien face à ce manque de médicaments, notamment l'Herceptin, indispensable», nous indique un médecin, sous le couvert de l'anonymat. Les employés du CPMC sont contraints de se débrouiller pour faire face à ces graves ruptures de stocks, affirme un infirmier, toujours sous le couvert de l'anonymat, de crainte d'une sanction de sa tutelle. Il affirme qu'une dose de produit est partagée entre deux malades, bien que cela ne soulage la douleur d'aucun d'entre eux ! «C'est juste un stratagème pour calmer les esprits en attendant l'arrivée de quantités suffisantes de produits», dit-il. La situation risque d'exploser, si les centres de soins spécialisés ne sont pas dotés de quantités suffisantes dans les plus brefs délais…