Résumé de la 15e partie n Après «le mauvais tour de Florine», le magicien se déchaîna contre elle et contre toutes les femmes mais l'Oiseau Bleu, lui, l'aimait encore chèrement... Le royal Oiseau en convint, et pria son ami de le porter chez lui et de le mettre dans une cage où il sera à couvert de la patte du chat et de toute arme meurtrière. «Mais, lui dit l'enchanteur, resterez-vous encore cinq ans dans un état si déplorable et si peu convenable à vos affaires et à votre dignité ? Vous avez des ennemis qui soutiennent que vous êtes mort et ils veulent envahir votre royaume : je crains bien que vous ne l'ayez perdu avant d'avoir recouvré votre première forme. — Ne pourrais-je pas, répliqua- t-il, aller dans mon palais et gouverner tout comme je faisais ordinairement ? — Oh ! s'écria son ami, la chose est difficile : qui veut obéir à un homme ne veut pas obéir à un perroquet. Tel qui vous craint étant roi, étant environné de grandeur et de faste, vous arrachera toutes les plumes, vous voyant un petit oiseau. — Ah ! faiblesse humaine ! brillant extérieur ! s'écria le roi. Encore que tu ne signifies rien pour le mérite et la vertu, tu ne laisses pas d'avoir des endroits décevants, dont on ne saurait presque se défendre ! Eh bien, continua-t-il, soyons philosophe, méprisons ce que nous ne pouvons obtenir : notre parti ne sera point le plus mauvais. — Je ne me rends pas sitôt, dit le magicien, j'espère trouver quelques bons expédients.» Florine, la triste Florine, désespérée de ne plus voir le roi, passait les jours et les nuits à la fenêtre, répétant sans cesse : Oiseau Bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement. La présence de son espionne ne l'en empêchait point ; son désespoir était tel qu'elle ne ménageait plus rien. «Qu'êtes-vous devenu, roi Charmant ? s'écria-t-elle. Nos communs ennemis vous ont-ils fait ressentir les cruels effets de leur rage ? Avez-vous été sacrifié à leurs fureurs ? Hélas ! hélas ! n'êtes-vous plus ? Ne dois-je plus vous voir, ou fatigué de mes malheurs m'avez-vous abandonnée à la dureté de mon sort ?» Que de larmes, que de sanglots suivaient ces tendres plaintes ! Que les heures étaient devenues longues par l'absence d'un amant si aimable et si cher ! La princesse, abattue, malade, maigre et changée, pouvait à peine se soutenir ; elle était persuadée que tout ce qu'il y a de plus funeste était arrivé au roi. La reine et Truitonne triomphaient ; la vengeance leur faisait plus de plaisir que l'offense ne leur avait fait de peine. Au fond, de quelle offense s'agissait-il ? Le roi Charmant n'avait pas voulu épouser un petit monstre qu'il avait mille sujets de haïr. Cependant, le père de Florine, qui devenait vieux, tomba malade et mourut. La fortune de la méchante reine et sa fille changea de face : elles étaient regardées comme des favorites qui avaient abusé de leur faveur. Le peuple mutiné courut au palais demander la princesse Florine, la reconnaissant pour souveraine. La reine, irritée, voulut traiter l'affaire avec hauteur ; elle parut sur un balcon et menaça les mutins. En même temps la sédition devint générale ; on enfonce les portes de son appartement, on le pille, et on l'assomme à coups de pierres. Truitonne s'enfuit chez sa marraine la fée Soussio : elle ne courait pas moins de dangers que sa mère. (à suivre...)