Résumé de la 13e partie n L'espionne de la princesse, qui veillait jour et nuit depuis un mois, se sentit si accablée de sommeil qu'elle s'endormit enfin profondément. Florine s'en aperçut : elle ouvrit sa petite fenêtre et appela l'oiseau bleu… Les amitiés et les protestations de fidélité se renouvelèrent mille et mille fois : la princesse n'ayant pu s'empêcher de répandre des larmes, son amant s'attendrit beaucoup et la consola de son mieux. Enfin, l'heure de se quitter étant venue, sans que la geôlière se fût réveillée, ils se dirent l'adieu du monde le plus touchant. Le lendemain encore l'espionne s'endormit; la princesse se mit diligemment à la fenêtre, puis elle dit comme la première fois : Oiseau Bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement. Aussitôt l'Oiseau vint, et la nuit se passa comme l'autre, sans bruit et sans éclat, dont nos amants étaient ravis : ils se flattaient que la surveillante prendrait tant de plaisir à dormir, qu'elle en ferait autant toutes les nuits. Effectivement, la troisième se passa encore très heureusement. Or, pour celle qui suivit la dormeuse ayant entendu du bruit elle écouta, faisant semblant de rien ; puis, elle regarda de son mieux et vit au clair de la lune le plus bel oiseau de l'univers qui parlait à la princesse, qui la caressait avec sa patte, qui la becquetait doucement... Enfin, elle entendit plusieurs choses de leur conversation et demeura très étonnée car l'Oiseau parlait comme un amant, et la belle Florine lui répondait avec tendresse. Le jour parut... Ils se dirent adieu. Et comme s'ils eussent eu un pressentiment de leur prochaine disgrâce, ils se quittèrent avec une peine extrême. La princesse se jeta sur son lit toute baignée de ses larmes, et le roi retourna dans le creux de son arbre. Sa geôlière courut chez la reine ; elle lui apprit tout ce qu'elle avait vu et entendu. La reine envoya quérir Truitonne et ses confidentes ; elles raisonnèrent longtemps ensemble et conclurent que l'Oiseau Bleu était le roi Charmant. «Quel affront ! s'écria la reine. Quel affront, ma Truitonne ! Cette insolente princesse que je croyais si affligée jouissait en repos des agréables conversations de notre ingrat ! Ah ! je me vengerai d'une manière si sanglante qu'il en sera parlé.» Truitonne la pria de n'y pas perdre un moment ; et comme elle se croyait plus intéressée dans l'affaire que la reine, elle mourait de joie lorsqu'elle pensait à tout ce qu'on ferait pour désoler l'amant et la maîtresse. La reine renvoya l'espionne dans la tour ; elle lui ordonna de ne témoigner ni soupçon ni curiosité et de paraître plus endormie qu'à l'ordinaire. Elle se coucha de bonne heure, elle ronfla de son mieux, et la pauvre princesse déçue, ouvrant la petite fenêtre, s'écria : Oiseau Bleu, couleur du temps, Vole à moi promptement. Mais elle l'appela toute la nuit inutilement, il ne parut point car la méchante reine avait fait attacher au cyprès des épées, des couteaux, des rasoirs, des poignards ; et lorsqu'il vint à tire-d'aile s'abattre dessus, ces armes meurtrières lui coupèrent les pieds ; il tomba sur d'autres qui lui coupèrent les ailes ; et enfin tout percé, il se sauva avec mille peines jusqu'à son arbre, laissant une longue trace de sang. Que n'étiez-vous là, belle princesse, pour soulager cet Oiseau royal ? (à suivre...)