Tensions - Le suspense était total hier sur le maintien du second tour de la présidentielle à la date de dimanche, après la mort du président de la commission électorale et des violences entre partisans des candidats Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé. Aucune décision quant au maintien du second tour à la suite de ces violences n'a été prise lors de rencontres séparées, lundi, du Premier ministre du régime de transition Jean-Marie Doré avec les deux candidats et la Céni, provisoirement dirigée par Hadja Aminata Mame Camara. Quelle que soit la décision, attendue ce mercredi, elle mécontentera l'un des deux camps : Cellou Dalein Diallo, favori avec ses 43,69% de voix au premier tour s'oppose au report, Alpha Condé (18,25%) y est favorable. Pour sa part, le président du régime de transition en Guinée, le général Sékouba Konaté, souhaite que le 2e tour de la présidentielle ait lieu dimanche comme prévu, mais s'en remettra à l'avis «des uns et des autres» pour en décider. Le général Konaté estime qu'il est important que l'ensemble des acteurs se prononcent clairement sur la possibilité de retenir la date du 19 septembre. Konaté a la ferme volonté de respecter les délais et les engagements pris à l'égard du peuple de Guinée et de la communauté internationale. Toutefois, c'est à la suite des avis des uns et du sentiment des autres que le chef de l'Etat fondera sa décision par rapport à la suite du processus de transition. Comme si de rien n'était, la télévision publique guinéenne maintient le logo de la présidentielle avec compte à rebours à l'écran : hier, c'était J-5. Le décès de Ben Sékou Sylla, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), a bouleversé l'agenda politique du pays. Même si on le savait malade, la mort de Ben Sékou a, en effet, surpris à Conakry où cet homme était respecté pour son rôle joué dans le combat contre le régime autoritaire de Lansana Conté, décédé en décembre 2008. Il avait été hospitalisé en mars dans la capitale française, était rentré à Conakry avant le premier tour de la présidentielle du 27 juin, pour repartir à nouveau en France juste après. Sylla avait été un des leaders du mouvement populaire de 2007 contre le régime de Lansana Conté réprimé dans le sang (près de 200 morts). La gestion par la Céni du premier tour qui avait donné lieu à des irrégularités, avait été critiquée, en particulier par le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d'Alpha Condé. L'alliance Arc-en-ciel qui soutient Alpha Condé a néanmoins publié un communiqué dans lequel elle rend hommage à Sylla décrit comme «un farouche combattant de la liberté et du changement qui s'en va à un moment où l'évolution du pays aurait encore requis ses services». Le RPG avait déposé plainte contre Sylla et l'un de ses adjoints, tous deux condamnés la semaine dernière par contumace à un an de prison ferme par un tribunal de la banlieue de Conakry pour «fraude électorale». Ce jugement a été suivi de violences, samedi et dimanche dans la banlieue de la capitale, entre partisans de Diallo et Condé. Bilan, 1 mort et 50 blessés, suspension de la campagne électorale et interdiction des manifestations de rue.