Fondements n La nouvelle démarche est basée sur deux aspects : assister les familles dans leur prise en charge des personnes âgées et contraindre les enfants à garder leurs parents par la force de la loi. La protection et la préservation de la dignité et des droits des personnes âgées sont considérés comme une «obligation nationale», stipulent les dispositions et articles d'un projet qui sera examiné incessamment par l'Assemblée populaire nationale (APN) au cours de la session d'automne. «En tant qu'obligation nationale, la protection et la dignité des personnes âgées cultivent le devoir de respect de leurs droits, notamment à travers la définition du rôle et des obligations de la famille, particulièrement les descendants, la mise en œuvre d'une assistance particulière pour un accompagnement adéquat», souligne l'exposé des motifs de ce projet de loi. En vertu de ce texte de loi, s'il est adopté, l'Etat veillera à contrôler si les descendants respectent ces obligations. Le texte insiste sur le fait que les personnes âgées ont le droit de vivre naturellement entourées des membres de la famille qui sont appelés à leur assurer une prise en charge adéquate. Les familles démunies bénéficieront des aides financières pour la prise en charge des personnes âgées afin, note le texte, de «lutter contre toute forme d'abandon, de délaissement, de violence, de maltraitance, d'agression, de marginalisation et d'exclusion du milieu familial et social». Le texte en question prévoit, d'un autre côté, de lourdes sanctions contre les citoyens qui délaissent, abandonnent ou maltraitent leurs parents. Des peines d'emprisonnement et des sanctions d'ordre financier leur seront infligées. La démarche des pouvoirs publics est donc fondée sur deux aspects : aide financière et contrainte. Mais une telle démarche aura-t-elle les résultats escomptés ? L'Etat a-t-il les moyens (et la volonté) nécessaires pour veiller assidûment à la mise en application de cette loi ? Et de quelle manière peut-on faire irruption dans l'intimité des familles pour s'enquérir de la situation des personnes âgées, sachant que ces dernières n'osent pas, dans la plupart des cas, dénoncer la maltraitance qu'elles subissent ? Quoi qu'il en soit, il apparaît clairement que cette démarche des pouvoirs publics est loin de constituer la solution idoine pour le problème des personnes âgées. Il est évident, en effet, qu'on ne peut contraindre personne par la force de la loi, à aimer ses parents ou encore à avoir le sens du devoir à leur égard. Ceux qui sont capables de jeter leurs parents à la rue, ne vont pas davantage les aimer ou mieux les traiter s'ils sont obligés, sous la menace de la prison, de les garder chez eux. Cela peut même avoir un effet contraire et ces personnes âgées qu'on garde à contre-cœur risquent d'être doublement maltraitées et humiliées. Ne vaudrait-il pas mieux dans ce cas, les placer dans des hospices ? Au lieu de contraindre les gens, ne le désirant pas ou ne le pouvant pas pour des raisons matérielles, l'aide annoncée par l'Etat s'avérant dérisoire, à garder leurs parents, ne serait-il pas plus judicieux et nettement plus humain d'offrir à ces derniers le choix d'aller dans une maison de retraite ? Après tout, ils ont leur mot à dire et le minimum qu'on leur doit est de respecter leur dignité et leur intégrité. Ce que prévoit la loi «La personne âgée a le droit de vivre naturellement entourée des membres de sa famille et cette dernière, notamment les descendants, doit assurer la prise en charge et la protection de ses membres âgés et subvenir à leurs besoins précisément lorsqu'ils se trouvent dans un état de vulnérabilité.» - «Les familles démunies et ou en situation de précarité reçoivent l'aide de l'Etat, des collectivités locales et des établissements et institutions spécialisées concernées qui prennent dans le cadre de leurs compétences respectives les mesures appropriées pour assister ces familles dans l'accomplissement du devoir de prise en charge de leurs personnes âgées.» - «Quiconque délaisse ou expose une personne âgée au danger est puni, selon les cas, des même peines prévues par le code pénal notamment ses articles 314 et 316. Des peines d'emprisonnement allant de 6 mois à 3 ans et des amendes allant de 20 000 DA à 500 000 DA sont prévues aussi dans le projet à l'encontre des auteurs des infractions.»