De notre bureau : Afflux n Il ne se passe pas un jour sans que soit observée une longue procession de véhicules escaladant les interminables lacets menant vers la station de Chréa. Elle est dite «station» pour les amateurs d'air frais et «commune» pour ceux qui considèrent Chréa simplement comme un lieu de vie et d'habitation. La saison estivale achevée, les lampions s'éteignent dans les montagnes et rares sont les chalets où la lumière est perçue dès la tombée de la nuit. «Nous recevons peu de visiteurs depuis que les routes sont devenues peu sûres», affirme un propriétaire de café sis à la placette de Chréa. En effet, il ne se passait pas de jours sans qu'on entende parler de personnes agressées, de couples malmenés avant d'être délestés de leurs biens. La bande de malfaiteurs sévissant à travers la région, notamment du côté de Beni Ali, a pu être neutralisée cette semaine : cinq personnes, dont un mineur, sont tombées dans la souricière tendue par les forces de gendarmerie au lieudit Oued El-Abrar. Présentés au parquet de Blida, ils ont été placés en détention en attendant leur jugement. La sécurité revenue, l'endroit saura offrir ce que recherche le visiteur, d'autant plus que l'automne avec son climat spécifique est là. Nombreux sont ceux à la recherche de ce temps idéal pour respirer à pleins poumons un air sain et revigorant. Au loin, du côté du Ski club, la navette du téléphérique déverse des familles, des couples, des jeunes à 60 DA la navette dans un seul sens. Juste à côté, installés n'importe comment et ne faisant point honneur à la réputation des lieux, des revendeurs de boissons et de casse-croûte proposent leurs produits, envahissant le bel espace ouvrant sur les forêts environnantes. De retour au Ski club, le téléphérique «interpelle» les retardataires puisque la dernière cabine part à 17h 30. 46 cabines de six places chacune assurent la liaison, mais nombre d'entre elles sont vides durant la semaine. «Nous faisons le plein durant le week-end, à condition qu'il fasse beau, et les autres jours voient la clientèle diminuer de semaine en semaine du fait de la rentrée scolaire et sociale», assure un employé au niveau de la station de Beni Ali, à mi-chemin du parcours qu'emprunte la cinquantaine de cabines. Un vent de découragement Dépassant le contrôle militaire et au voisinage du relais du Parc national de Chréa, le restaurant des Cèdres, cher à la famille Ouadjina, s'impose à la vue. Le jeune propriétaire semble pourtant gagné par le découragement et songe déjà à fermer «boutique» et partir sous d'autres cieux. «Je n'en peux plus, je nage à contre-courant et il n'y a aucune perspective d'amélioration des conditions de travail», affirme-t-il. L'eau courante n'arrive toujours pas à cet hôtel-restaurant, dont une seule partie – la restauration –, réduite au minimum, est ouverte au public. «Cela fait sept années que ça dure et on me dit, à l'apc, que nous sommes à l'essai pour le branchement d'eau. Et ce, en plus d'autres problèmes inhérents à la situation générale du pays», lance-t-il encore. Questionné sur les raisons de l'absence du touriste étranger, M. Ouadjina soupire, hésite puis déclare : «Où en sommes-nous des cartes de change, des procédés de paiement avec ce moyen, des bureaux de change ?». Il abordera encore un autre volet relatif à la formation d'un personnel spécialisé : «Je me dois de ramener du personnel de Béjaïa et cela me revient trop cher. Pourquoi ne pas créer des sections dans les centres de formation professionnelle ? J'ai également besoin d'interprètes, de financiers parce que je me dois de tenir des registres comptables et sans parler des cuisiniers, des chefs de rang… Même les métiers de base manquent : concierges, cueilleurs de fruits, jardiniers. Le tourisme est un tout et il permet de faire vivre de nombreuses familles ; nous n'avons qu'à prendre exemple sur la Tunisie, mais il faudra une révolution dans les esprits parce que le jeune Algérien n'acceptera jamais de gagner peu et de se contenter d'assurer son gagne-pain quotidien.» Convaincu d'avoir fait l'erreur de continuer l'investissement de son regretté père, le jeune Ouadjina est décidé à fermer. «J'avais de temps à autre la venue d'étrangers mais depuis que les escortes de sécurité sont plus nombreuses que les délégations elles-mêmes avec le renforcement des moyens de surveillance, ces gens-là ne viennent plus.» Situation sécuritaire :une amélioration M. Toumi, chef de la sûreté nationale à Blida, a déclaré cette semaine, que la situation sécuritaire a enregistré une nette amélioration dans la wilaya, notamment dans la commune de Blida où biens et personnes sont protégés contre le crime organisé. le grand banditisme, qui allait s'installer durablement, a pu être jugulé grâce à l'effort des différents services de police. «Le fruit de ce travail laborieux est ressenti à travers les artères de la ville et survient du fait de l'amélioration de la formation et du recours aux techniques modernes d'investigation», a-t-il notamment déclaré. Le premier trimestre de l'année en cours a permis d'enregistrer le traitement de 600 affaires dont 153 concernent le trafic de drogue et 273 les tentatives de vol et vols à la tire. 389 personnes ont été écrouées devant les 838 personnes présentées à la justice. Demeurant optimiste, M. Toumi annonça l'ouverture de trois sûretés urbaines : une à El-Affroun et deux autres à Ouled Yaïche. Mercredi dernier, une bande s'est introduite au niveau de l'antenne d'Algérie Poste à Douirette, quartier au sud de Blida, mais n'a pu mettre la main sur l'importante somme détenue dans les coffres et qui dépassait les vingt millions de dinars. Les recherches en cours n'ont pas encore déterminé comment la bande a pu s'introduire à l'intérieur des locaux aussi «facilement». Un collège sans électricité Etrange situation vécue par un des fleurons des établissements scolaires à Blida, le collège Bouslimani. Depuis la rentrée scolaire, il y a plus de deux semaines, le courant électrique est coupé, faute de paiement de factures de consommation. L'eau courante a été rétablie il y a quelques jours seulement, pendant que les changements d'enseignants chaque heure et les entrées et sorties en début et fin de journée continuent à fonctionner avec des décalages en fonction des montres de chacun. Le nouveau directeur déclare avoir hérité de cette situation et que les démarches sont en cours au niveau de la direction de l'éducation. On parle d'une facture de 36 millions de centimes et les fournisseurs pour la bureautique ne feraient plus confiance à l'établissement. Que dire lorsqu'on apprend que différents ministres aiment à passer dans ce collège fort de ses 1 500 élèves et de ses coins de verdure si bien entretenus ? Classé parmi les meilleurs établissements en matière de rendement scolaire, le CEM Bouslimani est victime de sa réputation ; il faudra des décisions fermes afin de reprendre le dessus notamment en matière d'inscriptions d'élèves provenant d'autres horizons, obligeant les enseignants à assurer des cours dans des classes surchargées.