Réalité n Appareillages, scolarisation, emploi, communication : les sourds-muets font face à beaucoup de difficultés. Cette frange de la société continue d'être marginalisée et isolée. «Cette catégorie est confrontée à des problèmes dans tous les domaines, notamment pour trouver un emploi, mais leur principal problème reste la communication. Si un sourd-muet n'est pas accompagné d'un interprète il ne peut rien faire d'autant plus que l'on n'est pas formé pour utiliser la langue des signes. Les sourds-muets rencontrent donc énormément de difficultés dans leur vie quotidienne», a indiqué, hier, Mustapha Guiroub le secrétaire général de la Fédération nationale des sourds d'Algérie, dans une conférence de presse. L'intervenant a fait savoir que ces personnes ont besoin non seulement d'une prise en charge, mais aussi de l'aide de la fédération pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Or la Fédération nationale des sourds d'Algérie ne bénéficie d'«aucune subvention» des pouvoirs publics «On ne doit pas mettre sur un pied d'égalité une association culturelle ou de quartier et une association de handicapés», a-t-il dit. Et comme la communication est la principale difficulté que rencontrent ces personnes, le SG de la FNSA a souligné que l'association a revendiqué depuis 2008 la reconnaissance officielle de la langue des signes pour permettre à ces personnes de s'intégrer facilement dans le milieu professionnel mais aussi au sein de la société. «Il faut que cette langue soit enseignée et qu'elle ait un statut, et il faut aussi qu'il y ait un centre national de formation en langue des signes. Il faudrait inclure dans les modules de formation celui de la langue des signes. Partout dans le monde, la langue des signes est utilisée dans les écoles, chez nous on l'interdit», a-t-il déploré. En outre, il a indiqué qu'une lettre a été adressée au ministre de la Solidarité nationale et de la Famille dans laquelle les responsables de la Fédération ont demandé à ce qu'ils soient informés des mesures arrêtées pour la protection de cette frange de la société. «Nous avons demandé où en est le projet du conseil national consultatif des handicapés, il a été mis en place mais il n'y a pas eu de suivi. L'année 2008 ayant été proclamée ‘'année des langues'', il avait été décidé de l'officialisation de la langue des signes, alors que devient le projet de formation en langue des signes ?». Interrogé sur le nombre des sourds-muets en Algérie, le conférencier a souligné qu'il n'existe «aucun recensement officiel». Toutefois, il a estimé le nombre à 170 000 sur l'ensemble du territoire national. «Il y a des sourds dont les noms ne sont même pas portés sur les registres de l'état civil.»