Opposition n Nombre de juristes et défenseurs des droits de l'homme, ont appelé, hier, à l'ouverture d'un débat autour de l'abolition de la peine de mort. «A la veille de la révision constitutionnelle, l'abolition de la peine de mort doit être constitutionnalisée», a déclaré, Maître Chama, lors de son intervention dans un débat autour de «la réforme du tribunal criminel» , organisé au Forum hebdomadaire d'El Moudjahid. Il ajoutera que «la grande réforme dans l'appareil judiciaire, notamment au tribunal criminel, est l'abolition de la peine de mort». Expliquant que «tous les textes promulgués à l'ère du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'ont, en aucun cas, évoqué la peine de mort (…) même pas dans les grandes affaires liées au blanchiment d'argent, au trafic de drogue, ou autres». Et de s'interroger : «Est-il juste que la justice algérienne condamne à mort quelqu'un qui a commis un meurtre alors que la même justice prononce un jugement de 20 ans contre un émir qui a rasé toute une localité, comme ce fut le cas à Bentalha par exemple ?». Le directeur général du Centre de recherches juridiques et judiciaires (Crjj), Djamel Bouzertini, a estimé, pour sa part, qu'il est nécessaire de créer un débat autour de cette question, et ce, pour en connaître les tenants et les aboutissants. «Les avis autour de ce problème convergent, il faut donc engager des discussions et inviter toutes les parties concernées à se prononcer en toute clarté.» Seulement la question de savoir «comment rendre la considération aux victimes», mérite d'être posée. L'affaire de Mohamed Gharbi a été soulevée par un intervenant : «Comment se fait-il que Mohamed Gharbi, ce moudjahid de 75 ans, patriote à l'époque de la tragédie nationale, a été condamné à mort ?». Pour rappel, ce dernier a éliminé l'émir de Souk Ahras, Ali Mered qui l'avait menacé à l'époque. En réponse à cette question, l'avocat au barreau d'Alger, Miloud Brahimi, a expliqué que Mohamed Gharbi a, une première fois, été condamné à 20 ans de prison, une deuxième à perpétuité et enfin à mort la troisième. Cependant, cet avocat a dénoncé cette situation de cassation. «Nul n'a le droit de faire un recours, lui-même». Seul le président de la République, dira-t-il, peut le gracier». Les intervenants ont plaidé, par ailleurs, pour le rétablissement du double degré de juridiction au tribunal criminel. C'est un standard international qui est en train de se généraliser en Europe, au Japon et on ne peut pas y échapper. Cela permettra d'éviter l'erreur judiciaire et apporter de nouveaux moyens de défense. Pour une justice équitable, l'ensemble des juristes a plaidé également pour l'intérêt d'une procédure d'appel en matière criminelle et pour l'opportunité de maintenir le jury populaire ainsi que l'intime conviction et la motivation des jugements criminels. Le tribunal criminel doit garder sa composition et rester un tribunal populaire, soutiennent-ils.