Crise n La police est intervenue ce mercredi en France pour débloquer les sites pétroliers et routiers stratégiques contrôlés par les opposants à la réforme sur les retraites. Forts d'une mobilisation de 1,1 à 3,5 millions de personnes, hier, pour leur sixième journée d'action, et d'un soutien de l'opinion, les syndicats ont fait monter la pression pour obtenir le réexamen du projet qui doit être voté en principe dans les prochains jours au Sénat, mais le gouvernement reste sur ses positions. Le président français, Nicolas Sarkozy, a ordonné ce mercredi le déblocage de tous les dépôts de carburant paralysés par des opposants à la réforme sur les retraites. «Mon devoir est de garantir le respect de l'ordre républicain au service de tous les Français», a-t-il dit lors du Conseil des ministres. Au lendemain de la réunion de crise qui s'est tenue à l'Elysée sur le problème des carburants, les ténors de l'UMP étaient mobilisés ce mercredi pour montrer la fermeté du gouvernement sur la question. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a indiqué lors d'une conférence de presse, que 21 de ces dépôts avaient été débloqués depuis vendredi et que les forces de l'ordre continueraient à débloquer autant que nécessaire les dépôts. «La situation actuelle ne saurait durer sans de graves conséquences pour notre pays», a-t-il ajouté. Dénonçant des «actes inacceptables et irresponsables», le ministre, qui préside la cellule interministérielle de crise activée lundi pour répondre à la pénurie de carburants, a confirmé le déblocage de trois dépôts ce mercredi. Plusieurs ministres ont déclaré, par ailleurs, que la force serait utilisée chaque fois qu'il le faudrait. La police est intervenue dans la nuit pour mettre fin au blocage de trois dépôts de carburants au Mans (Sarthe), à Donges (Loire-Atlantique) et à La Rochelle (Charente-Maritime). Au total, 21 interventions de déblocage de dépôts par les forces de l'ordre ont eu lieu depuis vendredi dernier, selon le ministère de l'Intérieur. Une source à la CGT a cependant aussitôt annoncé le blocage à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, d'un autre dépôt stratégique qui alimente l'armée et les aéroports de Marseille et Nice. La police française a arrêté 428 personnes, hier, en marge de ces manifestations, ce qui porte à 1 423 le total des interpellations en une semaine. De violents incidents se sont produits hier, notamment à Lyon et Nanterre (Hauts-de-Seine), ainsi qu'en plusieurs endroits de la région parisienne, en marge de manifestations de lycéens en particulier. Il y eu 79 arrestations à Lyon, 69 au Raincy (Seine-Saint-Denis), 30 dans les Hauts-de-Seine. Sur les 1 423 personnes interpellées, 1 000 ont été placées en garde à vue et 149 ont déjà été déférées devant la justice. Un nouveau sondage publié ce matin, au lendemain de la sixième journée de mobilisation contre la reforme des retraites, montre qu'une majorité de Français (62 %) souhaite une pause dans la réforme. 35 % du panel interrogé est de l'avis inverse. Autre enseignement de ce sondage : 59 % des Français sont favorables à une poursuite de la contestation syndicale après le vote de la réforme des retraites au Sénat. De manière plus générale, deux tiers des Français (68 %) jugent mauvaise la politique économique menée par le gouvernement.