Malgré la volonté du gouvernement d'en finir, le bras de fer avec les opposants à la réforme des retraites s'est poursuivi hier en France avec une montée des tensions autour du secteur du carburant. Au lendemain d'une cinquième journée d'action qui a vu défiler trois millions de personnes, une course de vitesse s'est engagée entre les syndicats qui brandissent la menace d'une pénurie et le pouvoir qui mise sur le vote définitif du Sénat mercredi. Une sixième journée de grèves nationales et de manifestations est programmée mardi, veille de ce vote. Les opposants comptent sur le renfort des chauffeurs routiers qui commencent les actions à partir de 22h de la journée d'hier. Le gouvernement déclare qu'il restera ferme et que le projet sera très bientôt devenu réalité. «Je crois qu'on est clairement à un tournant. Ce que je souhaite, c'est que la raison l'emporte et que cette réforme puisse être adoptée dans les jours à venir et définitivement mise en œuvre dans les semaines qui viennent», a dit le ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire sur Europe 1. Il a de nouveau exclu toute concession sur les deux mesures clefs du texte, le passage de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, et de 65 à 67 ans pour un départ avec une pension de retraite à taux plein. La CGT accuse le gouvernement de «coup de force», car selon elle, il a relancé Trapil par une action clandestine de quelques cadres au port du Havre, point de départ de l'oléoduc, où le personnel d'exploitation est pourtant en grève. Une large partie de la classe politique française et des syndicats demandent la tenue d'une consultation nationale sur le projet gouvernemental de réforme des retraites. Organiser un référendum, au cours duquel l'ensemble des Français pourrait donner son avis sur le texte gouvernemental, demeure à leurs yeux la seule solution. Au PS, la question fait débat. Ségolène Royal s'est clairement exprimée en faveur d'une large consultation fin mai : «Il faudra demander la consultation des Français et, pourquoi pas, un référendum», déclarait-elle alors. Certains pays procèdent bien à des référendums pour des objets moins importants.